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Une pub forte intéressante “pro-français” à la télé en Saskatchewan, qui passe à l’écran aux heures de grande écoute (#207)

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This is a modified, beefed-up version of yesterday’s post in English – but altered considering that the audience is different in French.

Pour ceux d’entre vous qui suivent régulièrement ce blogue, vous avez peut-être lu la série de billets sur le mouvement massif au Canada anglophone vers l’immersion française (cliquer ici), et sur la hausse des taux de bilinguisme des anglophones à travers le Canada (cliquer ici).

Une fois de plus, je viens de tomber sur un autre exemple qui démontre jusqu’à quel point le Canada anglophone prend concrètement fait et cause pour son approche populaire envers le bilinguisme – des exemples que les Québécois peut-être n’auraient pas tendance à voir.   Moi, je parle des efforts dans des endroits bien plus éloignés, qui autrement seraient inaperçus par les Québécois en raison de la distance – mais qui, pourtant, sont aussi importants, sinon plus important en raison de leur symbolisme et le milieu dans lequel ils se passent.

Il y a un couple de soirées, quand j’étais toujours en Saskatchewan, je regardais les nouvelles de 18h00 de Régina (ville capitale de la Saskatchewan) à CTV (un réseau un peu comme l’équivalent de TVA, mais au Canada anglophone).  D’habitude les dernières publicités télévisées juste avant la mise à l’antenne de l’émission des grandes nouvelles de la soirée sont parmi celles les plus visibles de toute la journée, et aussi les plus chères.

Vous n’allez jamais deviner quel genre de publicité était diffusée à cette heure-là à Régina.  J’ai failli tomber en bas de ma chaise quand je l’ai vue apparaître sur l’écran, et ce dans le créneau horaire le plus visible et convoité de la journée.   C’était une publicité d’initiative citoyenne en Saskatchewan afin d’encourager et de soutenir la population anglophone de la province dans ses démarches envers le bilinguisme et l’apprentissage du français.

La voici la pub.  Rappelez-vous qu’elle s’agit d’une pub aux “heures de grande écoute” du poste de télévision de Régina le plus populaire du sud de la Saskatchewan.  C’est fort probable qu’elle serait vue par toute la province  si elle passe également à la télévision à Saskatoon, la ville la plus grande du nord de la Saskatchewan.   Un symbole fort!

Le site web de ce mouvement populaire saskatchewanais se trouve ici :  http://www.bonjoursk.ca/

Le site web en français du gouvernement de la Saskatchewan se trouve ici:  http://www.bonjour.gov.sk.ca/

On voit régulièrement ce genre de signal positif à travers la Canada.  Cela, c’en est un autre qui démontre le progrès que nous avons réalisé, en tant que nation et pays, depuis 1995.  C’est tout un chemin que nous avons parcouru depuis cette époque-là.

Le lendemain matin, après avoir vu cette publicité, j’ai visité ma cousine à Régina.  Ses trois enfants sont tous inscrits dans les programmes d’immersion française (et son lieu de travail, ainsi que celui de son époux, ont plusieurs employés qui offrent des services en français au public).  Elle m’a dit qu’on voit régulièrement de telles choses en Saskatchewan, et que ce genre de démarche est plutôt bien accueilli par la population de la province, car le grand public y manifeste un intérêt lorsqu’on leur offre ces options.

Le problème (et c’est un problème, dois-je avouer), c’est que la plupart des gens au Québec ne serait peut-être pas conscient de ces changements importants au Canada anglophone (c’est du moins mon impression de la situation).   Et, à mon avis il n’y a pas encore suffisamment de Francophones au Québec qui savent encore à quel point il y existe des Anglophones au Canada anglais qui font leurs meilleurs efforts pour justement construire des ponts entre les “deux solitudes”.

Je ne l’ai pas mentionné dans mon billet en anglais, mais je vous le dirai ici.   Trop souvent, j’ai l’impression que beaucouop de francophones au Québec (même des amis à moi) confondent la situation linguistique qui existe entre les anglophones eux-mêmes – ce qui risque de donner lieu à des fausses impressions (en faisant cette déclaration, il faut que je fasse attention à mes paroles et que je m’exprime bien – car je suis en train d’entrer dans un champ de mines si jamais mon message est mal compris).

De façon très générale, sur le plan linguistique, j’oserais dire qu’il existe quatre grands groupes d’anglophones au Canada :

  1. Ceux qui étaient élevés en anglais au Québec,
  2. Ceux qui étaient élevés en anglais au Canada, mais à l’extérieur du Québec,
  3. Les nouveaux arrivants / immigrants au Canada anglais, qui sont en train de dévouer tout leur temps et leur énergie afin de perfectionner leur anglais à l’extérieur du Québec, et
  4. Les étudiants / des cols blancs (venant d’un peu partout au monde) qui vivent temporairement au Québec, et qui se trouvent plutôt au centre-ville de Montréal (McGill Ghetto, Concordia, secteur des gratte-ciels, etc.).

Trop souvent j’ai l’impression que les francophones au Québec confondent ces quatre groupes, ou qu’ils ne sont même pas conscients qu’il en existe des différences.

  • Les anglophones élevés en anglais au Québec sont généralement très bilingues. Ils constituent la majorité des anglophones au Québec.  Alors, ils n’ont pas tendance à dire publiquement ou d’inciter les leurs – par voie de publicité, ou par d’autres moyens de communications publiques – qu’il faut continuer d’apprendre ou de propager le français.  Ils n’en ont pas besoin en raison de leur taux élevé de bilinguisme (il s’agit d’une réussite sur le plan linguistique).  Cela explique, en partie, pourquoi on ne verrait jamais un mouvement public “Apprenons le français!” de la part de la communauté anglophone au Québec.  Un tel mouvement de leur part serait superflu et ne serait pas nécessaire.

Je vous donne un exemple.  Mes expériences au Québec (du temps que j’y ai vécu, et même maintenant) sont de quelqu’un qui se considère aussi à l’aise dans la culture francophone que dans la culture anglophone.  Mais récemment, j’étais fort curieux jusqu’à quel point les anglophones “natifs” du Québec étaient bilingues.  Et ce dans leur propre milieu (franchement parlant, au Québec on parle si souvent des “Anglos québécois qui n’apprennent jamais le français” que je le pensais une bonne idée un jour d’aller voir la situation moi-même).

Alors, il y deux semaines j’étais de passage à Montréal, et j’y ai mené une expérience.  J’ai fait du magasinage (par exprès) au Wal-Mart, Canadian Tire, Starbucks, Provigo, Pharma-Prix, et à d’autres magasins à “l’Île-Perrot”, un bastion anglophone très très fort à l’ouest de Montréal.  En faisant mon magasinage à l’Île-Perrot, j’entendais l’anglais mur-à-mur, partout où j’allais (j’avoue j’étais un peu surpris – car quand je pense à Montréal, je l’approche de la perspective d’un francophone, et souvent je pense à tout ce qui se trouve à “l’est” du centre-ville, ainsi que la couronne).  La plupart des employés des magasins que j’ai visités étaient anglophones, et plus souvent qu’autrement, les employés parlaient l’anglais entre eux.  Moi, je n’ai pas d’accent perceptible qui m’indentifierait autre qu’un francophone — au point où je pourrais bien passer pour un québécois francophone des régions plus éloignées, loin de Montréal.

Alors, par pure curiosité, j’ai parlé à beaucoup d’anglophones en français, dans plusieurs magasins à maintes reprises, au cours de quatre heures (à des commis et à des membres du public en général).  À chaque reprise, sans exception, leur français était parfait (ils avaient, pour la plupart, un accent anglais lorsqu’ils parlaient français, mais leur niveau de français était irréprochable).  Je leur ai même lancé un couple de balles courbes en bon joual – parfois assez compliquées, juste pour voir si je pouvais les déséquilibrer un peu (que je suis méchant! 😉 ) – mais non, leur compréhension étaient impeccable!

En fin de compte, si les québécois francophones s’en servent des Québécois anglophones de souche (qui constituent la grande majorité des anglophones du Québec) pour citer l’exemple d’un manque d’engagement envers le français, ils se trompent, car il me paraît (d’après mon expérience “non-scientifique”) que ces anglophones-là sont déjà très bilingues.  D’autant plus, ces anglophones-là n’ont même pas besoin de crier “Engageons-nous au nom du français et la dualité culturelle et linguistique du Canada”, car ils y sont déjà rendus.

  • Alors, parlons des anglophones ou des immigrants qui parlent l’anglais au centre-ville de Montréal. J’en connais (j’ai un ami qui y a été transféré de Vancouver dans le cadre de son travail, et j’ai une autre amie qui y a déménagé de l’Alberta pour poursuivre ses études en médicine, et qui va travailler dans le nouveau CHUM).

Les Anglophones du centre-ville, en général, sont en train de dévouer tout leur temps et leur énergie afin de (1) perfectionner leur anglais afin de poursuivre leurs études à McGill et Concordia (dans le cas des étudiants étrangers), ou (2) de mener leurs études à terme, ou (3) de travailler comme un fou car ils ont été muté temporairement à Montréal à l’intérieur d’une société basée à l’extérieur du Québec.  (si quelqu’un ne fait pas partie de ces 3 groupes, les chances sont fortes qu’il s’agit d’un Québécois anglophone de souche, qui parle déjà le français).

Aux yeux de Mario Beaulieu, les bloquistes et les péquistes les plus pures et dures des quelques francophones qui se choquent et qui ont des réactions assez émotives quant à ce qu’ils prétendent d’être un usage accru d’anglais à Montréal (précisément au centre-ville de Montréal), à leurs yeux, c’est ce groupe “d’anglophones” qui constitue “le” problème.  Pour ces gens émotifs, ces anglophones sont emblématiques de ce qui pourrait constituer tous les anglophones, peu importe “où” ils sont, ou peu importe “qui” ils sont.  Mais ces mêmes gens qui ont tendance de grimper sur leurs argots n’ont probablement jamais passé du temps ni avec les anglophones de la première catégorie mentionnés ci-dessus, ni avec des anglophones ailleurs au Canada – surtout ceux qui font partie de ce mouvement massif vers le français à l’extérieur du Québec.

Il faut être capable de distinguer le phénomène des anglophones du centre-ville de Montréal de celui des autres.

On a deux grandes universités anglophones et un grand collège anglophone au centre-ville de Montréal.  On a également une multitude de multinationaux qui ont affecté leur personnel de l’extérieur du Québec à Montréal.  Je dirais qu’une grande partie des étudiants et des anglophones du centre-ville ne viennent même pas du Québec (ils viennent des autres provinces, des É-U, et d’autres pays).  Et même s’il y en a qui sont d’origine du Québec, beaucoup de leurs amis ne le sont pas.  Alors, dans ce sens, d’entendre l’anglais omniprésent au centre-ville est tout à fait naturel (tout comme il l’est, d’ailleurs, d’entendre le français partout au centre-ville de Montréal!).

Mais c’est un phénomène qui est plus au moins isolé au centre-ville, et il le sera toujours (car quelques rues plus loin, l’anglais disparaît comme par enchantement).  C’est la réalité des choses.

Il y a tout un tas de gens d’affaires, professeurs, recherchistes de l’étranger, étudiants, des médecins, etc., de l’extérieur du Québec qui se sont vus transférer à Montréal – principalement au centre-ville.  Compte tenu du milieu dans lequel ils travaillent, élèvent leurs familles, et se côtoient les uns les autres, il serait déraisonnable d’exiger qu’ils font totalement basculer la vie pour apprendre le français lorsqu’ils doivent se concentrer sur leurs carrières ou leurs études durant leur séjour “temporaire” au Québec.  Et parmi ceux qui vont rester en permanence au Québec, ils apprendront le français au fur et à mesure que leurs vies se stabilisent (tout comme l’a fait mon amie de l’Alberta qui a étudié en médecine et qui veut faire sa contribution à la société québécoise “en français” dans un hôpital francophone… et tout comme d’autres gens que je connais).

Si on prend ces personnes pour exemple pour illustrer qui sont les anglophones à l’extérieur du Québec (ces gens au centre-ville qui ne sont pas en mesure d’apprendre le français vu la réalité transitoire de leur situation), bien sûr on aura la mauvaise impression des anglophones canadiens en général.

Faisons le raisonnement inverse, mettez-vous à la place de ces anglophones, et prenons l’exemple au hasard du “finlandais”… Vous aussi, j’en suis certain vous ne seriez pas en mesure de consacrer une pété d’heures pour apprendre le finlandais pour atteindre un niveau “conversationnel accru” (même si vous vouliez l’apprendre) si vous viviez en Finlande, ET si vous viviez dans une situation aussi semblable que celle de ces anglophones au centre-ville de Montréal.  D’y consacrer quelques heures précieuses de votre horaire hebdomadaire (ce que n’auriez pas d’ailleurs) pour apprendre le finlandais serait hors question, surtout si viviez sous la pression énorme de devoir travailler à l’intérieur d’une société qui vous a muté temporairement du Québec en Finlande d’une base temporaire, ou si vous deviez étudier à temps plein en français / anglais en Finlande – car c’est un style de vie qui ne laisse guère le temps de manger, sans compter le reste pour le moins dire.

Mais, si vous alliez rester en Finlande à la fin de vos études, et si vous alliez trouver une “carrière” (pas une “job” transitoire et temporaire dans une boutique, mais une carrière avec le public), j’imagine que vous apprendriez le finlandais à ce moment-là — tout comme le font beaucoup d’anglophones au centre-ville de Montréal une fois qu’ils décident de rester en permanence à la fin de leurs contrats de travail ou à la fin de leurs études.

Cependant beaucoup quittent le Québec à la fin de leur séjour temporaire à Montréal (ce qui fait que tout ce tintouin que nous entendons trop souvent est finalement sans conséquence).   De leur rapprocher de parler l’anglais durant leur court séjour est injuste.  Et de les citer comme exemple de ce qui constitue les anglophones du reste du Canada est encore plus injuste (leurs vies au centre-ville de Montréal ne constituent qu’une phase dans leurs vies, pas la vie en soi).

Moi, j’ai connu des gens qui voulaient les “forcer” à parler français — un geste qui me fait cacher le visage dans les mains à chaque reprise (aaaaa-chooooo-Michel Beaulieu du BQPardon… j’ai éternué).  Oui, dans un monde idéal, on pourrait prétendre que ces anglophones transitoires du centre-ville pourraient sortir des mots en français en dedans de quelques mois comme si c’était Molière lui-même qui les prononçait.  Mais on ne vit pas dans une telle utopie.

Le mois passé, j’étais dans un Starbucks sur la rue Peel au centre-ville où j’écrivais un billet de blogue.  Une jeune femme s’assoyait à côté de moi.  Elle m’a demandé en anglais si je savais comment trouver un certain lieu.  Je suppose que j’avais deux choix à ce moment-là… (1) J’aurais pu lui répondre en français, sans prononcer un seul mot d’anglais (comme le ferait un certain nombre de personnes… aaaaa-chooooo-Société-SJB!!!  Excusez-moi… j’ai éternué encore).  (2) Mais j’ai naturellement décidé de lui tout simplement répondre en anglais, poliement et avec courtoisie.  J’ai découvert qu’elle était américaine, de la Floride, et qu’elle était à Montréal pour suivre des cours en bio à McGill pendant quatre mois – après quoi elle retournerait aux É-U.  On a jasé pendant une bonne demi-heure (elle ne savait même pas que je parlais français).  Elle était super sympa.

Imaginez-vous si elle m’avait posé sa question en anglais, et si je refusais de lui répondre en anglais – surtout si je m’obstinais en la traitant “d’hostié Anglo unilingue!” (aaaaa-chooooo-Impératif-Français!!!  Excusez-moi… j’ai éternué de nouveau).   Quelle aurait été son opinion non seulement de moi, mais de Montréal, du Québec, de vous, de notre société, du Canada, et de notre manière de traiter les gens si je refusais de lui parler en anglais?  (Si je n’aurais pas su parler l’anglais, ça, c’en est une autre histoire — mais le contexte dont je parle ici est complètement différent).  Quelles opinions croyez-vous qu’elle aurait ramené avec elle en Floride à notre égard.  Croyez-vous vraiment qu’elle aurait facilement oublié cet épisode peu glorieux (surtout si j’avais l’air de vouloir la balayer d’un revers de main)?   Probablement elle aurait gardé des “cicatrices” assez longtemps pour raconter le tout à ces petits-enfants –  une histoire des gens bêtes au Québec et au Canada!  Franchement, ce n’est pas exactement le genre d’impression de notre société que je veux donner aux autres (que ce soit des gens venant d’ailleurs au Canada, ou de l’étranger).

En un mot, ce phénomène “assez unique” des anglophones du centre-ville en est un avec beaucoup de nuances.  (Prenez note Mathieu Bock-Côté). Ce n’est pas une situation que l’on voit ailleures en Amérique du nord, mais c’est quand même une situation bien réelle – et elle mérite notre empathie, car on ignore toujours l’histoire de la personne qui est en train de parler la langue de Shakespeare au lieu de celle de Molière.

  • Parlons maintenant des nouveaux arrivants/immigrants qui sont en train de dévouer tout leur temps et leur énergie afin de perfectionner leur anglais à l’extérieur du Québec (dans les autres provinces du Canada, comme l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique, etc.).  Moi, je les qualifie “d’anglophones” car ils ont choisi d’immigrer et de mener leur vie en anglais dans les provinces anglophones (même si leur langue maternelle n’est ni l’anglais, ni le français).  J’en ai déjà parlé de ce groupe au cours de plusieurs billets.  Sans vouloir me répéter sans cesse, en bref ces gens (du moins la première génération) doivent se consacrer à perfectionner leur anglais – alors, on ne peut pas leur en vouloir de ne pas pouvoir apprendre le français.  Généralement, ils n’ont ni le temps, ni les moyens d’apprendre le français à un niveau conversationnel.  On ne devrait pas leur en tenir rigueur, mais on devrait les doter des moyens afin que leurs enfants canadiens (qui n’auront pas de difficulté en anglais) puissent devenir bilingues, tout comme beaucoup de leurs pairs.   N’oublions jamais que le programme d’immigration vise comme but final la pleine intégration des “deuxièmes” et “troisièmes” générations, autant qu’il cible à persuader la première génération de s’installer au Canada (pour qu’elle puisse contribuer à l’accroissement de la population en nous offrant leurs enfants).  Dans ce sens, les deuxièmes et troisièmes générations, qui souvent ne peuvent même pas parler la langue de la première génération, deviennent aussi importantes, sinon plus importantes pour l’avenir du Canada et son parcours linguistique.  La question de la langue maternelle de la première génération est révolue et sans importance après 15, 20, 30 ou 40 ans – car le programme est un succès si leurs enfants et petits enfants sont pleinement des canadiens, et si eux aussi auront les langues du Canada.
  • Cela nous mène aux anglophones du Canada hors Québec qui ont l’anglais comme langue maternelle (peu importe leurs origines ethniques) – une categorie encore très différente de tous ces autres groupes ci-dessous.  Ils sont bien conscients de la situation culturelle et linguistique du Canada.  Même s’ils ne savent pas c’est qui certains personnages de la culture québécoise tel Patrick Huard, Boucar Diouf, ou Rachid Badouri, ils sont bien conscients du fait français du Canada et de l’importance du Québec au sein du pays.  Ils sont également conscients de l’influence du Québec dans les politiques et dans la fabrique sociale du Canada.

Pour eux, le Québec contribue à influencer et à former les lois et l’aspect social des vies de tous les Canadiens anglophones, et qui touche tout le monde (vous, moi, et les anglophones tout comme les francophones).

Ils savent que leur héritage culturel ne serait pas le même sans avoir eu le Québec au cœur du pays, et ils savent que la personnalité collective des anglophones du Canada n’aurait pas été la même sans avoir eu l’influence du Québec depuis le tout début du pays

J’ajouterai ceci:  Toutes les provinces ajoutent leurs propres contributions socio-culturelles à la totalité de la fabrique canadienne – mais c’est probablement le Québec qui est une des provinces avec la plus grande influence;  une qui a pu influencer, d’une manière définitive, la façon dont la population du Canada, dans son ensemble, perçoit le monde et sa propre société.  D’ailleurs, je crois que c’est en grande partie pour cette raison qu’on peut se sentir facilement confortable peu importe où on voyage/démenage au Canada — et pourquoi les anglophones du Canada se sentent plus dans leur peau au Québec qu’aux É-U… c’est du “terrain connu”.  Malgré tout, le système, à la base, et le même.  Bref, ces anglophones savent que la conscience collective du Canada ne serait pas le même sans le Québec. (Et, en passant, j’ai personnellement connu beaucoup de Québecois qui ont déménagé ailleurs au Canada – peut-être des centaines de gens que j’ai connu personnellement au cours de ma vie – et qui partage ce même avis et ce sentiment de familiarité).

Il a pris du temps, et le pays a appris beaucoup de leçons ou cours des dernières décennies, mais les anglophones ailleurs au Canada savent grosso modo que c’est important d’apprendre le français.  Pour beaucoup d’adultes c’est déjà trop tard pour devenir bilingue (tout comme il le serait, mettons, pour des adultes au Saguenay au Québec – car c’est toujours plus difficile pour les adultes de devenir bilingue lorsqu’ils ne sont pas entourés de la langue ciblée).  Mais l’histoire est bien différente pour leurs enfants.  Et c’est pour cette raison que le Canada anglais compte le plus grand programme d’immersion française… au monde (1,000,000 d’enfants canadiens anglophones y étaient inscrits dans ce programme à un moment ou un autre, et 2,000,000 parents anglophones voulaient, par exprès, inscrire leurs enfants dans ce programme) .  J’en ai déjà parlé assez de ce programme et de ses retombés dans le billet L’Importance du programme d’immersion française au Canada anglophone – pour le Québec (#166)

En tout cas, ça suffit pour la leçon au sujet des types d’anglophones au pays.  Je pourrais en parler des différences et nuances entre les régions différentes du Canada anglais, mais cette discussion n’importe pas dans ce contexte.

Revenant à la publicité en Saskatchewan:  Voici quelque chose que j’ai trouvé très intéressant.  J’ai envoyé cette pub à un couple d’amis francophones au Québec, qui depuis des années se sont déclarés être des “souverainistes mous”.  Pourtant, comme beaucoup d’autres gens, ils ne se voient maintenant dans aucun camp – ni souverainiste, ni fédéraliste – ils veulent simplement vivre leur vie.  Mais une chose qu’ils m’ont dit que je trouve super intéressante;  le plus qu’ils voient comment les choses marchent ailleurs au Canada anglophone, le plus qu’ils questionnent ceux qui suivent aveuglement les idéologies souverainistes sans se donner l’occasion de s’éduquer quant aux réalités quotidiennes sur le terrain au Canada anglais (et ce qui se trouvent dans un rayons de 100 à 500kms à l’extérieur des frontières du Québéc n’est pas necessaire représentatif de ce qui se passe ailleurs au Canada – mais malheureusement s’est souvent à l’intérieur d’un tel rayon que beaucoup de Québécois forment leurs opinons).

Leur première réaction à la publicité fut cause de stupéfaction (tout comme moi, d’ailleurs).  Personne ne s’attendait qu’une telle publicité se trouverait en première loge aux heures de grande écoute – surtout en Saskatchewan.

Leur deuxième réaction faisait preuve de mépris envers certains aspects de nos médias aux Québec.   Ils savent bien que de tels gestes du Canada anglais ne passeraient jamais aux nouvelles au Québec – preuve d’une sphère médiatique insulaire, parfois aveugle (leur mot, pas le mien), et parfois moins hostile à la cause souverainiste qu’elle l’est aux intérêts du Canada – dans la mesure où certaines médias ne voient aucun intérêt à couvrir de telle choses pour permettre les Québécois ordinaires de les voir.

Leur troisième réaction traitait plus sur le fait que leurs voisins, amis, et collègues ordinaires au Québec se dotent tous des outils afin de s’informer de ce qui se passe au Canada anglais – et ces outils sont à c’t’heure bien plus indépendants des médias qu’à tout autre moment dans l’histoire du pays.  On a tous l’internet à portée de main, on a accès aux vidéos, on a des amis d’un bout du pays à l’autre, et on peut facilement voyager à travers le pays (l’avion est devenu le nouveau “autobus” du Canada – et de voyager de 4 à 10 heures en avion pour traverser le pays n’est rien comme il l’était avant – 10 heures de St-Jean (Terre-Neuve) à Victoria (C-B), et même 13 heures d’avion de Whitehorse (Yukon) à St-Jean (Terre-Neuve)… n’oublions pas que c’est énorme le Canada – et il y en a beaucoup à découvrir!).

Ils croient que ces gestes que l’on voit de la part du Canada anglophone deviendront de plus en plus visibles au Québec avec le temps, peu importe si certains aspects de l’industrie médiatique (aaaaa-choooo-Snyder-Péladeau/TVAdésolé, je dois avoir le nez qui coule) et certains partis politiques au Québec tenteront de les enterrer au plus profond possible.  Mais ils étaient tous les deux d’accord que les gens ordinaires doivent d’abord se donner la peine de s’éduquer soi-même, car les morceaux du casse-tête sont nombreux, et parfois complexes.  Mais à mon avis personnel, c’est une des plus belles aventures et un des plus beaux cadeaux qu’on peut s’offrir à soi-même.  Ça vaut la peine de s’informer sur la situation actuelle hors Québec, et de la vivre.  Les changements depuis 1995 sont énormes, alors c’est déconcertant quand on voit certains médias et le Parti Québécois / Bloc Québécois traiter le Canada contemporain à travers l’optique de 1995, voire 1975, ou même 1935.

Une de ces personnes à qui j’ai envoyé cette publicité m’a confié qu’il a commencé depuis longtemps à questionner et à critiquer la validité des arguments du mouvement souverainiste, car lui aussi il voit des ouvertures substantielles,  et des gestes importants de la part des citoyens ordinaires à travers le Canada – envers leur héritage partagé avec le Québec, envers le “fait français” du Canada, et envers notre dualité linguistique et culturelle partagée à nos tous.  Il croit bien ne pas être isolé dans son coin par rapport à ses pensées.

Ce même ami estime que beaucoup d’autres jeunes, qui étaient autrefois des “souverainistes-mous”, commencent à réaliser que le mouvement souverainiste visait à tromper les masses afin de cacher du mieux possible ces nouvelles réalités au Canada anglophone – que ce soit à travers la manipulation des médias, ou en déformant délibérément les faits.

Les deux étaient d’avis que les questions d’ordre constitutionnel pourraient attendre (un avis que je partage, moi aussi).  Car ce qui compte pour l’instant, ce sont les gestes des gens ordinaires.

Peu importe, il s’agissait d’une conversation et d’un sujet assez intéressant – au point qu’il méritait que j’y consacre ce billet.


Des billets liés:

L’Importance du programme d’immersion française au Canada anglophone – pour le Québec (#166)

Série:  La tendance du bilinguisme au Canada (4 billets en anglais)

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