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Les préjugés à l’égard de l’Alberta : Un univers de l’extrême droite fédérale? (Partie A) – 3 sur 6 (#251)

(Au moment de l’écriture de ce billet, le NPD n’était pas encore au pouvoir en Alberta.  Le fait que le NPD a pu gagner l’élection albertaine avec une victoire majoritaire écrasante ne fait que confirmer et qu’accentuer les indices et tendances dont j’ai parlé dans cette série de six billets.  Et oui, le choix d’orange pour cette préambule n’est pas un hasard 😉 ). 

Continuons la série de billets qui cherche à démystifier l’essence même de l’Alberta aux yeux des Québécois.

Il y a deux billets, lors de l’introduction de cette série, j’ai mentionné que j’allais parler des “affirmations” et “tendances” politiques albertaines.   Je ressens trop souvent que l’Alberta se fait pointé le doigt injustement (si pourrais-je dire ainsi) comme étant cocon insulaire de l’extrême droite.

Comme j’ai indiqué dans le billet précédent, la population et les valeurs des Albertains ne sont pas si différentes que celles des gens de la région de Québec ou de Saguenay Lac St-Jean (en effet, elles ne sont pas si différentes de tout ce qui se trouve à l’est de Trois-Rivières).

La nature cosmopolite de l’Alberta

D’abord, l’Alberta n’est plus une province dite “rurale”, et ce depuis déjà bien longtemps.  C’est une province qui compte deux métropoles de la même grandeur (Calgary dans le sud, et la capitale d’Edmonton dans le nord, les deux avec 1,3 millions d’habitants chaque).

La répartition ethnique dans ces deux métropoles est composée de 30% de minorités visibles à Edmonton et 35% à Calgary (la plupart étant des immigrants de première et de deuxième génération).   Montréal (l’Ile propre), par contre, est composée de 33.7% de minorités visibles – un chiffre qui chute à grand pas lorsqu’on regarde les chiffres de toute la région métropolitaine (incluant la grande couronne).  (Stats-Can 2011)

Hors de l’Ile, la couronne de Montréal n’est composée que de 25% de minorités visibles, bien inférieur des taux des régions métropolitaines d’Edmonton et de Calgary.  (Stats-Can 2011).

Les chiffres pour la ville de Québec sont encore moins.

Souvent, la notion de ce qui constitue le cosmopolitisme et l’ouverture d’une région quelconque est directement associée à la nature de ses habitants, ainsi qu’à la diversité de leurs origines et de leurs cultures.  Les immigrants ont tendance d’aller là où ils se ressentent en sécurité, où ils ressentent qu’il existe une ouverture d’esprit à leur égard, et là où ils voient un élément d’ouverture envers le monde en état d’évolution constante.

Dans ce sens, on pourrait dire que les métropoles en Alberta sont aussi cosmopolites que celles du Québec.

Mais cela n’en est qu’un outil de mesure parmi d’autres.

La diversité d’une population et sa nature cosmopolite pourrait influencer directement les affirmations politiques des habitants d’une région.   Les “grandes” vagues d’immigration en Alberta (hormis celles des arrivants Européens) sont assez récentes – dirais-je qu’ils n’ont réellement commencés que depuis 20 ans (environ 1995).  Mais les vagues étaient énormes, et ses impacts sur la psychologie de la province étaient aussi profonds.

Il faut comprendre que la population de l’Alberta en 1996 (il y a 20 ans, tout juste après le dernier référendum) était de 2,696,000 habitants.   D’ici deux ans, la population de l’Alberta va dépasser celle de la Colombie-Britannique à 4,400,000 habitants, pour devenir la province la plus populeuse dans l’ouest du Canada.  Il s’agit d’une croissance de population de 63% en 20 ans.  C’est énorme !  Une croissance absolument astronomique !!  C’est du jamais vu depuis 50 ans dans n’importe quelle autre juridiction en Amérique du nord.

Et d’où sont venus ces gens?  Pour la plupart, ils sont venus des autres provinces; surtout des provinces Atlantiques, mais aussi du Québec et de l’Ontario.  En deuxième place, ils sont issus d’immigration.    Alors, de ceux qui font la plus grande partie de la croissance des 63%, ces personnes sont d’origine des provinces rouges-rouges Libéraux que forment les provinces Atlantiques.   Et les autres, ceux issus du Québec, de l’Ontario et de l’immigration internationale eux aussi ont tendance à voter d’une teinte assez rouge-orange, du centre, de centre-gauche, ou de centre-droit.

Cela ne peut qu’avoir un impact majeur sur les couleurs, tendances, tolérances et idées politiques de la province.  Et lorsque ces nouveaux arrivants prennent place de première loge dans la société albertaine (travail, implication communautaire, études, politiques, industrie, affaires, médias, etc.), l’impact sur la société est aussi important, sinon plus, que toutes les variables décrites ici.  Le visage, l’esprit, et la mentalité de l’Alberta en sont à jamais changés, pour le mieux, et il est impossible de faire marche arrière.

C’est toute une révolution, mais une qui est très mal comprise par le Québec.

Depuis l’époque du dernier referendum en 1995, du côté fédérale on a vue l’effondrement du parti Réformiste (le parti fédéral le plus à droite, qui trouvait son berceau en Alberta), l’effondrement du parti Alliance (moins à droite que le parti Réformiste, mais encore avec son berceau en Alberta), et un adoucissement continu des politiques droitistes du parti fédéral Conservateur – au point où ses politiques sont maintenant bien plus à gauche que les prise de position du parti Républicain aux É-U.  En effet, les Conservateurs fédéraux se voient reflétés de plus en plus dans l’image et les prises de position du parti Démocrate Américain (parfois même plus à gauche que les Démocrates).

Les affirmations de l’Alberta plutôt au centre-droit (mais pas à l’extrême droite)

Avant d’aller plus loin : Je vais vous parler de mes propres couleurs politiques – car il est important afin de vous offrir un point de repère, afin de bien pouvoir vous décrire (et de vous faire comprendre) les sentiments politiques des Albertains.

Pour vous bien démontrer que je ne prends pas position à l’égard d’un parti politique aux dépens des autres, politiquement, au plan fédéral, je ne suis pas Conservateur au sens pur.  Politiquement parlant, je n’adhère à aucun parti politique.   Si j’avais à choisir un parti au niveau fédéral, il n’en existe pas qui me convient à 100% (mais j’ai quand-même l’intention de voter).  Le problème c’est que j’ai des valeurs plutôt progressistes, mais je vois la valeur dans un certain rigeur financier — un peu comme la plupart des Albertains.

Alors, côté politique, je me vois un peu perdu et sans parti – un orphelin politique si vous voulez.  Mais je vois le bon dans tous les partis:  Les valeurs progressistes du NPD et des Libéraux, et un certain rigeur financier que projettent les Conservateurs.

Un petit mot à part : Au Canada, et particulièrement au Québec, j’entends trop souvent des gens qui emploient le mot “parti ennemi” lorsque les gens se réfèrent à nos partis politiques.  D’entendre ce mot me fait toujours sentir un peu mal à l’aise.  De mon côté, je suis quelqu’un qui se permet de voir le bon dans tous les partis fédéraux, que ce soit le NPD, les Libéraux, les Verts, et les Conservateurs.  Et il y a du bon dans chacun de ces partis, tout comme il y a du mauvais.  Peut-être certaines lignes de parti ne font pas nécessairement mon affaire de temps en temps (ça va de soi pour tous les partis), mais cela ne veut dire guère que je devrais considérer la gamme de nos partis ou de nos politiciens parmi mes “ennemis”.

Tant qu’ils se battent tous pour le bien-être du pays, je ne peux rien leur rapprocher.   Mais s’il y a des prises de position qui ne font pas mon affaire lors d’une élection, je choisirais tout simplement un(e) candidat(e) et un parti qui s’alignerait le plus à mes propres points de vue (qui, comme pour une grande partie de la population Canadienne dans toutes les provinces, sont aptes à changer selon les réalités et les plateformes du jour).

Le mot “ennemi” en est un que je réserve pour les méchants dans les pays lointains qui cherchent à nous faire du mal ou qui font du mal à leurs propres citoyens.  C’est n’est pas un mot que j’emploierais pour décrire nos propres politiciens.

Mais pour revenir au sujet de l’Alberta… je crois qu’une bonne partie de la population de l’Alberta (peut-être la majorité même) voie leurs propres prises de position fédérales s’aligner avec beaucoup d’idéologies des anciens Progressistes Conservateurs fédéraux (P–C), tout comme moi (mi-chemin entre les Conservateurs et les Libéreaux / voire le NPD — car la différence entre les Libéraux et le NPD et de moins en moins grande, au point où les Albertains se voient de plus en plus dans ce que projettent le NPD et les Libéraux).

C’est juste une question de voir s’ils vont faire le saut… Il leur faut un peu de courage pour faire un virage aussi grand, mais les gens en parlent… plutôt du point de vu qu’ils me disent qu’ils seraient à l’aise avec l’idée que leurs voisins votent à gauche pour envoyer un signal fort, même si les personnes qui me racontent de tels propos prétendent continuer voter au centre où au centre-droit.  

Du moins, quand je parle de la politique avec la grande majorité des personnes que je rencontre en Alberta (au-delà de celles que je connais déjà), leurs opinions politiques vont plus souvent dans le même sens.

Je connais bien ce pays, et je constate que ces prises de positions sont également des affirmations politiques que nous voyons sur de vastes étendus du Québec – notamment une grande partie de tout ce qui est à l’est de Trois-Rivières, et surtout à Québec, au Saguenay Lac St-Jean, et dans la Beauce.

Les anciens Progressistes-Conservateurs était un parti qui portait la teinte de l’aile bleu des Libéraux, ou l’aile rouge des Conservateurs actuels (dont ce dernier je vais vous parler un peu plus tard).   Ces régions-là étaient pour les anciens P-C fédéraux.  Dans la population en générale en Alberta, je resens que les valeurs des anciens P-C sont vues d’un bon oeil.  C’est-à-dire ces gens sont favorables à la plupart de valeurs sociales et progressistes pancanadiennes que partagent également les Québécois, et qu’ils adhèrent en même temps à la saine gestion des finances pour s’assurer qu’on vie dans nos moyens.

Du côté des politiques sociales, les anciens Progressistes Conservateurs était un parti parapluie qui incarnait beaucoup de politiques qui sont présentement endossées par les Libéraux fédéraux et même le NPD.  Du côté économique, ils incarnaient beaucoup de politiques qui sont actuellement endossés par les Conservateurs actuels et les Libéraux).

Sur le plan environnemental, les anciens P-C militaient pour une économie assez verte, avec des protections environnementales (ainsi que de la recherche environnementale) pour supporter l’exploitation durable de nos ressources (dans l’industrie forestière, minière, des contrebalances face à la destruction massive de grandes étendues de forêts pour faire place à d’énormes réservoirs hydrologiques pour la production hydro-électrique, l’exploitation à pollution réduite dans l’industrie pétrolière, et une durabilité dans l’industrie de la pêche, etc.).

Les P-C épousaient l’idée d’un plan d’immigration qui allait de pair avec la réalité sur le terrain, tant du côté linguistique (français/anglais) qu’économique.  Et ils voulaient mettre en place des institutions pour faciliter une meilleure intégration des immigrants (à la famille anglo-canadienne / franco-québécoise), tout en respectant l’importance de ne pas les faire perdre leur propre identité, et de se battre pour qu’ils puissent vivre comme ils voudraient.

Et les anciens P-C cherchaient des ponts et des mécanismes pour combler les Deux solitudes.

Ils étaient de bonne foi dans leur désir de redresser certains aspects constitutionnels (et peu importe si on était d’accord ou pas avec Meech ou Charlottetown, très peu de gens pourrait dire que les anciens P-C étaient de mauvaise foi).  Pour une bonne partie de leur temps au pouvoir, les Canadiens d’un océan à l’autre, Francophone et Anglophone, leur ont donné carte verte pour chercher des solutions (tout le monde au pays étaient de bonne foi – et je crois toujours que le pays n’a jamais perdu cet esprit de bonne foi.  C’est toujours tout juste sous la surface, malgré qu’on n’en parle pas souvent).

C’est de valeur que les P-C n’ont pas pu trouver la recette magique durant leur temps en pouvoir, mais je suis quand-même très content que le pays, depuis ce temps-là, a pu tracer son chemin.  Des centaines de milliers d’Anglophones (voire des millions) ont pu faire du progrès dans la bonne direction, et ce de leur propre accord — malgré les échecs des rondes constitutionnelles au début des années 1990 (j’en ai parlé un peu dans mon billet : L’Importance du programme d’immersion française au Canada anglophone – pour le Québec (#166)).

Parlons des affirmations politiques de l’Alberta – La comparaison Montréal – Edmonton

Je connais très bien le Québec.  Je connais très bien l’Alberta.  Je me considère très chanceux de les connaitre aussi bien, tous les deux.

Et je peux vous dire avec certitude qu’une grande partie de la population de l’Alberta, et une grande partie de la population du Québec partagent les mêmes opinions politiques que moi.  Oui, côté fédéral, Montréal (l’ile) est d’habitude plus à gauche que le reste du Québec (ce sont le NPD et les Libéraux rouge-rouge qui recueillent les votes sur l’ile).  Et du côté de l’Alberta, tout comme à Montréal, c’est Edmonton qui est la ville la plus à gauche (À Edmonton, à l’exception de ses propres banlieues et villes dortoirs, c’est le NPD, les Libéraux, et les candidats Conservateurs rouges-rouges qui recueillent une bonne partie des votes).

Je peux vous assurer que la prochaine élection provinciale sera orange à Edmonton (mais peut-être un orange Albertain; c’est à dire que les voteurs vont voter pour une position du NDP qui tomberait entre celles les NPD fédéraux et des P-C provinciaux (il ne faut jamais oublier que les P-C provinciaux de l’Alberta sont mi-chemin entre les Libéraux et les Conservateurs fédéraux, voire une tier de la distance entre les deux, mais plus vers le centre).

Alors, on commence déjà à voir des similitudes politiques entre le Québec et le l’Alberta, et les constantes politiques que partagent la capitale albertaine (Edmonton) avec l’ile de Montréal.

Les régions rurales et les petits centres du Québec et de l’Alberta – pas aussi divergentes que l’on pourrait penser

Ailleurs en Alberta, et ailleurs au Québec, les régions rurales et les petits centres partagent plus au moins les mêmes sentiments politiques (hormis des tendances “nationalistes” – qui sont toujours susceptibles à changer au Québec).   Pour constater ses similitudes, vous avez juste à passer du temps dans les villages de la Côte-nord (QC), du Lac St-Jean (QC), de l’Haute Mauricie (QC), de la Beauce (QC), de la région Crows-Nest (AB), de la Région Lakeland (AB), à l’étendu de Rivière-la-Paix (AB) ou la ceinture du Corn-Belt (AB).

Toutes ces régions, à base de l’agriculture et de l’extraction des ressources, sont plutôt centre-droit.  Leurs habitants s’affichent soient comme Conservateurs rouges ou des NPD/Libéraux fédéraux bleus.  Ce qui les distingue (mais ce qui les unissent dans leur similitudes en Alberta tout comme au Québec) c’est le fait que les habitants de ces régions doivent prendre toujours une décision assez déchirante au moment du scrutin fédéral.  Et en raison de leurs convictions “mi-chemin”, ils votent soit NPD/Libéral, soit Conservateur.  (Et l’influence des changements démographiques énormes sur le plan d’immigration éthnique que subissent les petites villes en Alberta doivent surement jouer un rôle la-dedans… Je vous ai parlé un peu dans un billet sur ma propre ville en Alberta: Végreville — et les petites villes du Canada (#125)).

Je vous explique…

En Alberta, il arrive que la population rurale penche du côté Conservateur en raison de l’histoire et de ce qu’ils perçoivent comme l’absence d’alternatives.  Et au Québec la population rurale penche plutôt du côté NPD-Libéral (et parfois Conservateur) en raison de l’histoire et ce qu’ils perçoivent comme l’absence d’alternatives.

Mais le point de départ pour ces populations rurales et de petits centres, au Québec tout comme en Alberta, demeure plus au moins le même (ce qui incarne beaucoup d’idéologies des anciens Progressistes-Conservateurs dont je vous ai parlé plus tôt dans ce billet).

Bref, les croyances idéologiques des Albertains et Québécois ruraux sont très semblables à la base.  Mais le sort de leur vote vire dans deux sens différents.   Les circonscriptions hors des grands centres en Alberta comptent pour presque la moitié des circonscriptions albertaines (je crois qu’aux Québec elles se situent autour de 40% si je ne me trompe pas).   Malheureusement, cela donne des munitions (fautives, d’ailleurs) au camp souverainiste pour dire à la population du Québec que les Albertains (qui ont voté Conservateur jusqu’à maintenant) ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde.

Pourtant, c’est tout le contraire sur tellement de fronts.

J’ose même dire qu’au moment du scrutin fédéral, les régions rurales des deux provinces acceptent de mettre de l’eau dans leur vin lorsqu’ils partent du même point de départ pour décider à quel côté enverraient-ils leur vote.  Ils se pincent le nez des deux côtés, et voilà!  Les Conservateurs trouvent leur base dans l’Alberta rural, et le NPD (avec une bonne proportion du vote minoritaire allant aux Libéraux et aux Conservateurs) trouve une grande empreinte dans le Québec rural.   Mais cela ne veut pas dire que les populations rurales de l’Alberta et du Québec sont plus conservatrices petit “c”, ou plus à gauche que l’autre.

C’est carrément une question que l’individu emboîte le pas de son vosin et envoie son vote dans la même direction de ses voisins, compte tenu que les habitants ruraux en Alberta et au Québec quittent de la même ligne de départ.

Mais ce qui compte, c’est que les valeurs et les mentalités à la base sont les mêmes pour les Québécois et les Albertains qui vivent en région rurale.

Je pourrais même vous offrir des tendances concrètes qui ajoutent une certaine crédibilité à ces observations.

Mais ça, je vais laisser pour le prochain billet.

Alors, à la prochaine!


(French / Français) SERIE:  LES PRÉJUGÉS À L’ÉGARD DE L’ALBERTA (6 billets)

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Les préjugés à l’égard de l’Alberta : La question de la “laïcité provinciale” – 2 sur 6 (#250)

(Au moment de l’écriture de ce billet, le NPD n’était pas encore au pouvoir en Alberta.  Le fait que le NPD a pu gagner l’élection albertaine avec une victoire majoritaire écrasante ne fait que confirmer et qu’accentuer les indices et tendances dont j’ai parlé dans cette série de six billets.  Et oui, le choix d’orange pour cette préambule n’est pas un hasard 😉 ). 

Lors du dernier billet, j’ai fait mention que j’allais aborder trois “sphères” de préjugés que conservent beaucoup de Québécois à l’égard de l’Alberta et les Albertains.   Un de ses préjugés que fouette la société sans relâche (et sans fondement) est celui de la question de la “religiosité” de l’Alberta, et sur l’hypothèse d’un agenda politique caché de la province, fondé sur la religion.

Il n’y a pas de doute que la société Québécoise valorise l’aspect laïque de sa cohésion sociétale.  Mais les tendances laïques au Canada ne se confinent pas seulement à l’intérieur des frontières québécoises ou parmi seulement le peuple québécois.

Je vous offre les statistiques suivantes, et beaucoup d’entre vous vont sans doute les trouver étonnantes.

Selon Statistiques Canada (2010), parmi les Albertains qui se déclarent être religieux:

  1. 71,3% des gens se déclarent être des chrétiens dans le sens traditionnel (avec le reste étant “spirituel” de nature floue ou personnelle, ou issus d’autres religions)
  2. Au Québec, 90,2% des gens se déclarent être chrétiens dans le sens traditionnel (avec le reste étant “spirituel” de nature floue ou personnelle, ou issus d’autres religions).

Ces derniers chiffres dénotent que même parmi ceux qui se déclarent être religieux, la proportion des Albertains religieux qui “pratiquent” leur religion dans le sens traditionnel (organisé) n’est que dans 71,3%  des gens.  Les autres gardent leurs croyances spirituelles à eux, ou sont issus d’une autre religion entière.  Tandis qu’au Québec, les Québécois religieux sont plus aptes à montrer et pratiquer leur religion plus ouvertement.

Alors, peut-être vous vous demanderiez quel serait le pourcentage des Albertains qui sont religieux.   Je vous offre d’autres statistiques encore plus révélatrices :

Des chiffres qui en parlent fort! (Cliquer pour l’agrandir).

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  • Sources de ces statistiques : 
  • * 26 mars 2015, selon le sondage national Angus reid, mené auprès des canadiens à travers le Canada.
  • ** 2010 un grand sondage national Gallup mené dans tous les états des É-U.  Ce qui est de plus, 10 autres sondages nationaux américains menés entre 2006 et 2012 arrivent tous aux mêmes conclusions consistantes.

Cette fois je ne vais pas mâcher mes mots.  Le Canada n’a pas de “Bible-Belt”, et l’Alberta ne présente même pas les ingrédients pour ce qui pourrait constituer un “Bible-Belt”.

Les “tendances religieuses modernes” de l’Alberta ne sont pas si différentes que celles du Québec ou toute autre province.  Pourtant, l’emploi du terme “Bible-Belt” pour décrire l’Alberta en soi en est un que j’entends à maintes reprises sur plusieurs émissions de télévision québécoise telle Tout le monde en parle, 24/60, Bazzo.tv, certaines émissions à la radio de Radio-Canada, les Francs-tireurs, Zone doc de Radio-Canada, les émissions de LCN, ainsi de suite (la liste est longue).

Je peux également vous offrir des noms spécifiques de plusieurs politiciens du PQ et du BQ qui ont employé ce terme à volonté dans leur obsession d’empêcher les Québécois de tisser le moindre lien émotif avec le reste du Canada (pour eux, c’est dans leur intérêt de propager ces mythes, et ce dans le but de faire en sorte que les Québécois se considéreraient incompatibles avec les Albertains — et par conséquence, le Canada.  C’est un manœuvre triste, trompeur, et franchement pathétique.  

En grandissant en Alberta, j’avais moi-même plusieurs professeurs québécois qui ont déménagé en Alberta du Québec, et qui avaient eux aussi ces préjugés au sujet de ce qu’ils s’attendaient à être la “religiosité” de l’Alberta — du moins jusqu’à ce qu’ils ont pu voir la réalité de la province eux-mêmes (ce qui a pu les faire constater que leurs propres idées préconçues n’étaient pas fondées).

Ce qui est troublant, c’est qu’un couple de ces professeurs d’école secondaire et d’autres profs québécois à l’université m’ont confié que leurs pairs au Québec soulevaient souvent cette question en classe auprès de leurs étudiants.   Et j’en crois bien, car même certains de mes amis au Québec m’ont dit que l’enseignement de la notion d’une Alberta “religieuse” est monnaie courante lors des cours d’histoire et des sciences sociales au Québec.

J’ai connu bien de Québécois qui ont déménagé en Alberta.  Mainte et maintes fois ils étaient étonnés par le fait qu’il ne se trouvait pas plus d’églises en Alberta qu’au Québec.  En effet, en conduisant d’un bout du Québec à l’autre (mettons de Gatineau jusqu’à Fermont ou en Gaspésie – des routes que j’ai parcouru moi-même en voiture à maintes reprises) on constaterait avec ses propres yeux que l’Alberta ne compte pas plus d’églises qu’au Québec.  De plus, il n’y a pas plus d’églises en Alberta qu’ailleurs au Canada – car la population du Canada d’un océan à l’autre, est généralement laïque (le nombre d’églises à travers le Canada (ou leur “absence”) demeure pas mal stable d’une province à une autre – que ce soit en C-B, en Alberta, en Ontario, au Québec ou en Nouvelle-Écosse – tout conforme avec le graphique à barre que je vous ai présenté ci-dessous.

Par contre, si vous alliez faire de la route dans plusieurs régions des É-U, là vous remarqueriez une grande différence entre les É-U et l’Alberta/le Québec; c’est même jour et nuit.  Les É-U sont bien plus religieux que “nous”.

Alors, d’où provient ce mythe qui est tant propagé et par les médias québécois et par certains gens ordinaires?

Pour répondre à cette question, il faut comprendre l’histoire de l’ouest du Canada (un sujet très mal compris au Québec, et presque jamais enseigné dans le système scolaire québécois).

Bref, on pourrait dire que le Canada ait eu trois provinces qui ont été assujettis à ce qui est l’équivalent de certains aspects de leurs propres Révolutions tranquilles;  le Québec (bien sûr), l’Alberta et la Saskatchewan.  Cette partie de notre histoire collective est enseignée en Alberta et en Saskatchewan, mais c’est l’omerta totale au Québec quant au sujet des révolutions tranquilles semblables en Alberta et en Saskatchewan.

Sans aller trop dans les détails, toutes ces trois provinces étaient très religieuses au début et au milieu du vingtième siècle – tant au niveau gouvernemental qu’au niveau de la population.   Le Québec était la première des trois provinces de se détacher de l’influence de l’église dans les années 1950 et 1960.   L’Alberta et la Saskatchewan l’on suivi de près vers la fin des années 1960 / début des années 1970.

Tout comme au Québec, il y avait un virage politique énorme en Alberta qui accompagnait ces changements – y compris le rejet et la dissolution totale de certains vieux partis politiques, la formation de nouveaux partis politiques à bases laïques, la déconfessionnalisation du système scolaire, de l’état, et la nationalisation de beaucoup d’industries en Alberta.

En effet, toutes les même catégories d’industries qui étaient nationalisées au Québec étaient elles aussi nationalisées en Alberta.  AGT était nationalisée par le gouvernement de l’Alberta (aujourd’hui, sous la banière privée Télus).  Une partie du réseau bancaire était nationalisé (aujourd’hui ATB — qui demeure toujours une banque albertaine nationalisée… une institution aussi importante en Alberta que l’est Desjardins au Québec).  L’Alberta avait créé l’équivalent d’un fonds de solidarité albertain.   Trans-Alta était l’équivalent albertain nationalisé d’Hydro-Québec.  Un réseau d’universités publiques était créé.  On a créé Access Network, semblable à Télé-Québec (ou Radio-Québec dans le temps).  Et la liste continue.   En effet, les chemins des deux provinces à cette époque-là étaient très semblables.

Dans une tournure intéressante, sur beaucoup de fronts historiques et politiques, l’Alberta et le Québec (et la Saskatchewan) sont quasiment des cousins de premier degré – peut-être même la parenté la plus proche qui existe pour le Québec (car même le gouffre qui existe entre le Québec et la France sur le plan de l’histoire récente, de la culture, et de ses systèmes est encore plus grande que celui qui existe entre le Québec et l’Alberta… Et moi, je connais assez bien la France – je suis propriétaire de ma propre société et une grande partie de mes chiffres d’affaires proviennent de la France).

Le fait que nous (le Québec et l’Alberta) sommes culturellement tous les deux les nord-américains, le fait que nous avons poursuivi des chemins de développement et de gouvernance semblables au cours des 50 derniers années (plus de partage qu’avec toute autre juridiction au monde), sans même mentionner le fait que nous partageons les autres institutions et systèmes qui relèvent du même pays – le tout, cela galvanise ce fait de parenté incontournable entre le Québec et l’Alberta.

Mais le système d’éducation au Québec, et la société au sens large continuent de regarder l’Alberta à travers l’optique de 1960 plutôt que 2015.  Ces points de vue de la part de la société québécoise sont 55 ans en retard face à cette question.

Peut-être serait-il dû au fait que la révolution tranquille aurait eu l’effet de faire en sorte que le Québec est devenu trop introspectif et autocentré?  Peut-être aux dépens d’une connaissance de ce qui se passe ailleurs au Canada?   Peut-être serait-il dû au fait que le mouvement nationaliste (qui parfois joue le rôle d’une force aveuglante – Qu’elle soit volontaire ou involontaire puis-je ajouter) aurait fait que ceux qui tirent les ficelles n’aurait pas voulu mettre l’accent sur les parallèles qui existent entre l’Alberta et le Québec?   Peu importe, il va sans dire que la perception de l’Alberta de la part de beaucoup de Québécois sur la question de la religion ne reflète pas la réalité sur le terrain.

En tout dernier lieu sur cette question, j’ajouterai ceci : En raison de la déconfessionnalisation massive et structurelle de la province de l’Alberta, il est plutôt rare de rencontrer des gens qui vont toujours à l’église en Alberta.  Certes, dans une foule il y en aurait toujours quelques unes, mais ces personnes-là sont loin d’être la majorité, comme dans toute province – y compris au Québec.

Beaucoup d’églises albertaines d’autrefois sont en déclin et ferment leurs portes, par manque d’argent.  Cela nous laisse avec une population plus au moins de centre-droite et laïque (plus souvent juste à droit du centre, mais pas loin du centre sur l’échelle “sociale – car la grande partie de la population vie dans les deux grandes régions métropolitaines de la province, et elles ne sont pas plus à droit que la région de Québec ou Saguenay).   À titre de comparaison, côté culturel, dans leur manière de penser, et dans leur manière de vivre de et leurs intérêts personnels, la population de l’Alberta se ressemble beaucoup à celle de la région de Québec.  (Il faut toujours se rappeler que le Québec est la somme de ses parties.  Montréal n’est qu’un ingrédient dans ce qui fait le Québec, mais comme ville, elle certes n’est pas le Québec en soi).

Alors à ceux qui me disent parfois qu’ils n’aiment pas l’Alberta (un sentiment qui, d’après mon expérience, se voit plus souvent dans la région de Montréal), je leur réponds qu’ils doivent sans doute détester la ville de Québec, non?   Souvent, pour ne pas dire toujours, cette réponse n’a qu’à les laisser sans voix (rarement il m’arrive que je ne puisse me retenir, mais parfois je me permets une réponse).

Je me sens parfaitement à l’aise dans ma défense l’Alberta auprès de ceux qui l’attaquent d’un angle préjugé.  Bien sûr, comme toute société et juridiction, l’Alberta a elle aussi ses propres problèmes (j’en parlerai un peu lors de mes prochains billets).  Ce n’est pas ses problèmes que je défends.  C’est plutôt une réponse que je donne aux préjugés ignorants des autres.

Et ce qui est bon, c’est le fait que je me sens confortable dans ma défense de l’Alberta.  Il ne faut pas oublier que lorsque je réplique aux préjugés sur sol québécois même, je le fais du point de vue de quelqu’un qui se considère être culturellement à l’intérieur (sur pied d’égalité avec mes compatriotes québécois), et non pas d’une personne de l’extérieur.  J’ai le sentiment que cela en soi me donne le droit de parole.  C’est une discussion en famille, malgré tout.

En dernière remarque, ça vaut vraiment la peine de voyager un peu partout au pays afin de mieux se connaître.  C’est une perte regrettable de ne pas faire autrement.  J’encourage autant de monde que possible de faire le voyage d’un océan à l’autre au moins une fois dans leur vie.  Voir c’est savoir.

J’aborderai d’autres préjugés à l’égard de l’Alberta au cours des deux prochains billets.  Personnellement, je trouve ces questions très intéressantes (et pas offensives du tout — au contraire, c’est une bonne discussion).  J’espère qu’elles le sont également pour vous.


(French / Français) SERIE:  LES PRÉJUGÉS À L’ÉGARD DE L’ALBERTA (6 billets)

Les préjugés à l’égard de l’Alberta : Introduction – 1 sur 6 (#249)

(Au moment de l’écriture de ce billet, le NPD n’était pas encore au pouvoir en Alberta.  Le fait que le NPD a pu gagner l’élection albertaine avec une victoire majoritaire écrasante ne fait que confirmer et qu’accentuer les indices et tendances dont j’ai parlé dans cette série de six billets.  Et oui, le choix d’orange pour cette préambule n’est pas un hasard 😉 ). 

Au cours des billets de mon blogue, de temps en temps je vous ai offert des exemples de certaines circonstances et de certains préjugés qui propagent la notion des Deux solitudes — tant du côté Anglophone que du côté Francophone.

Parfois, ces exemples sont très évidents.  Parfois ils sont plus subtils.

La plupart des exemples que je vous ai déjà offerts au cours des billets antérieurs étaient rédigés en anglais, car je les présentais à une audience anglophone (je le crois important que le monde prend conscience des  exemples de leurs propres préjugés ou méconnaissances qui contribuent à garder vivante la notion des Deux solitudes).

Mais cette fois, je vais vous écrire en français, et je vise les francophones du Québec dans cette série de six billets.  Je vais vous présenter des exemples de certaines méconnaissances que je vois de la part des francophones du Québec, et ce en employant un ton bien plus personnel.

Je vais vous parler des préjugés assez “structurels” que je vois à l’égard de l’Alberta, et à l’égard des gens qui viennent de cette province, tout comme moi.   À mon avis, je me trouve dans une position privilégiée pour vous adresser ce sujet d’un ton franc et honnête.  Je connais le Québec aussi bien que l’Alberta – et les québécois entendent trop peu les points de vue des gens comme moi.

Alors, avant de continuer, je dirai dès le départ que je reconnais très bien le fait que ce n’est pas tout le monde au Québec qui nourrit les préjugés dont je vais vous parler.  Et à cet effet , je ne suis même pas sûr qu’il s’agisse d’une majorité de gens.  À mon avis, c’est souvent les médias au Québec (Radio-Canada, TVA  , la presse écrite, les chroniquers) qui renforcent les préjugés contre l’Alberta.  Et malheureusement cela a pour effet d’influencer les perceptions des masses.

Qu’il s’agisse d’une majorité ou d’une minorité, ces préjugés sont pourtant bien réels.  Face aux préjugés, j’admet que je ne peux m’empêcher de se sentir lésé, tant soit peu, par certaines méconnaissances flagrantes de la part de certaines personnes (parfois même de la part de certaines personnalités bien connues qui supposément prétendent parler publiquement d’une haute autorité morale).

Je trouve ça toujours un peu “déséquilibrant” quand il y a des gens au Québec qui (en croyant à tort que je suis moi-même Québécois) dénigre l’Alberta lorsqu’ils partage leur “pensées” avec moi.  Un exemple parfait : Au mois de janvier j’étais dans la région de Montréal.  Je taillais une bavette avec un serveur, et pour une raison ou une autre on abordait le sujet de ce que nous venions tout juste de faire durant nos vacances de Noël.  À mon tour, j’ai mentionné que je les ai passé en Alberta à Edmonton, à Calgary et dans les montagnes rocheuses.  Sa réaction : “Comme Québécois, une chance qu’ils ne t’ont pas lynché!”.

Comment devrais-je répondre à un tel commentaire?  Sans qu’il le sache, il parlait de “moi”, de mes amis, et de ma famille et de tous mes pairs, non?   Mais, bon, je suis un grand garçon, et je crois être assez mature pour savoir qu’une seule remarque n’est pas nécessairement représentative d’une société entière.  J’avoue que lorsque j’entends de telles remarques à répétition au cours de plusieurs années, on pourrait commencer à se poser des questions.  Cependant, j’essaie garder le tout en perspective.

(D’ailleurs, devrais-je mentionner, étant quelqu’un qui parlait français en publiqueen Alberta — avec des amis pendant une bonne partie de ma vie, je n’ai jamais rencontré un seul cas de French-bashing en Alberta… pas une seule fois – jamais.

Au contraire, plus souvent qu’autrement, les Anglos en Alberta y voyaient l’occasion en or pour pratiquer leur français, et souvent ils tentaient d’engager une conversation en français — avec un grand sourir, et à bras et à cœur ouverts.

Alors, on doute finalement qu’il y ait une raison de croire qu’il existe une tendance de société de faire de l’Alberta-bashing … un sujet que j’avais déjà abordé dans un autre billet qui s’appelle No way, Le Figaro!).

Les prochains trois billets vont porter sur trois préjugés dont moi-même je ressens d’une base assez régulière au Québec – tant du côté des médias québécois que sur le terrain même.

Je suis bien conscient du fait que cela ne veut pas dire que ceux qui propagent ces préjugés sont du mauvais monde (si vous êtes fidèle à ce blogue, vous sauriez sans doute que je suis de l’avis que le Québec est une des sociétés les plus ouvertes et les plus empathiques au monde – point.  Les Francophones du Québec et du Canada sont foule cool, et ça va de même pour les Anglophones du pays aussi).

Mais quant aux sujets des préjugés que portent des gens, les êtres humains ne savent seulement ce qu’ils savent.  Et à l’égard de ceux qui portent des préjugés, ces personnes ne sont que la somme de leurs propres connaissances et expériences personnelles (j’en suis tout à fait conscient de ce fait – la raison pour laquelle je me réserve un certain modération envers ces discussions).  Souvent les ignorances ne sont qu’une question de naïveté innocente.   Les sources d’information desquelles le monde tire ses conclusions ne sont aussi bonnes que l’info que leur offre leurs professeurs, leurs pairs, ou leurs médias.

Les cinq prochains billets vont aborder les préjugés et les méconnaissances qui portent sur :

  1. La croyance que l’Alberta est une province plus “religieuse” que les autres provinces (au point où beaucoup de monde la croit même être “hyer-religieuse”. Mais comme vous allez voir, les statistiques vont vous réserver des surprises),
  2. Les attitudes et les comportements des Albertains et le gouvernement provincial face à l’industrie du pétrole, et
  3. Les “tendances” et les “affirmations” politiques des Albertains, ainsi que la manière dont beaucoup de Québécois préjugent les Albertains en raison de ce qu’ils croient être ces “tendances” et “affirmations”.

Alors, avec cette petite introduction aux cinq prochains billets, j’ai hâte de vous revoir lors de cette exercice de décorticage des préjugés.

Et sachez que j’en suis reconnaissant du fait que vous soyez là, et que vous portez intérêt à ce sujet.  C’est important.   Après avoir écrit près de 250 billets, je crois bien que je pourrais mener ce genre de dialogue franc avec vous.  Malgré tout, cette discussion s’édifiait lentement, jusqu’à ce point bloc par bloc, au cours de chaque billet.

Que l’on continue.


(French / Français) SERIE:  LES PRÉJUGÉS À L’ÉGARD DE L’ALBERTA (6 billets)

Les comparaisons présentent elles aussi ses bons côtés (#138)

This is the French version of the last post:  Comparisons can be a good thing (#137)

De se faire des comparaisons avec d’autres places est une arme à double tranchant.

À plusieurs reprises, je faisais des voyages outremer, hors des sentiers battus, avec des amis qui ne sont pas habitués de voir des places où les conditions sanitaires ne sont pas à la hauteur.  Inévitablement, le “jeu des comparaisons” se présenterait à un moment ou l’autre.  C’est un réflexe naturel de dire “J’aimerais mieux que cette place serait plus hygiénique… Je ne fais pas confiance à la bouffe…  Les toilettes ici ne sont pas comme chez nous… Les gens ne sont pas aussi polis que chez nous”, etc. etc.   Au risque de paraître paternaliste, à un moment donné je m’immiscerais pour dire qui vaut mieux de ne pas fixer les yeux par terre et d’arrêter ce jeu des comparaisons négatives – car on était tous là pour apprécier (et non dénigrer) les lieux et cultures dans lesquels nous nous trouvions.  Autrement, on risquerait de manquer le bon côté des choses – ce qui est, justement, la raison pour laquelle on y était.  Ceci est un exemple du côté négatif lorsqu’on fait des comparaisons.

Mais à l’envers de la même médaille, de faire des comparaisons pourrait servir à quelque chose de bon!  On pourrait s’en servir des comparaisons pour voir ce que nous avons en commun à cet égard.  Dans le contexte canadien, en raison de notre dualité sociolinguistique, de se faire des comparaisons a quand-même ses mérites.  Les comparaisons nous font apprécier nos différences.  Elles nous font constater nos valeurs communes, et elles peuvent servir à nous faire célébrer notre dualité sociolinguistique, tout en l’incorporant dans nos propres vies (avec toutes les différences et similitudes qui viennent avec).

Les comparaisons ne devraient pas nécessairement avoir rapport à des statistiques époustouflantes ou des différences stupéfiantes, du genre qui font la une des nouvelles sensationnelles.  Parfois il ne suffit que de faire des comparaisons simples et modestes afin de trouver du terrain d’entente, qui a comme effet de vous vous faire sentir chez vous n’importe où au Canada.

Je vous donne un exemple simple, même au point d’être un peu quétaine (mais c’est ce genre d’exemple qui pourrait en dire long)…   Il y a un couple de jours, j’ai conduit trois heures de route d’Edmonton à Calgary sur l’autoroute 2 en Alberta (ce qu’on appelle le Corridor Edmonton-Calgary).   Il y a à peine deux semaines avant, j’ai fait le trajet de trois heures sur l’autoroute 20 entre Québec et Montréal.  Sur plusieurs plans, ces deux trajets sont remarquablement semblables.  Les paysages sont très très semblables.  L’Esthétique des fermes, et même des détails aussi banals que des bosquets d’arbres sont carrément les mêmes. Le plan urbain des villes qui longent l’autoroute 2 (en Alberta) et la 20 (au Québec), ainsi que les services qu’elles offrent, l’architecture des édifices qui sont visibles de la route, la densité du trafic – en fait, tout détail – se ressemblent comme deux gouttes d’eau.   Les deux trançons qui relient les deux grandes villes respectives dans chacune de ces deux provinces sont à ce point similaires que si ce n’était que pour l’affichage en anglais en Alberta, et en français au Québec, on ne saurait pas dans laquelle des deux provinces on était.   J’ai parcouru le Canada en voiture à plusieures reprises, et très peu d’autoroutes partagent autant de similitudes que celles qui relient Québec à Montréal, et Edmonton à Calgary.

C’est curieux comment une chose aussi simple et anodine qu’un trajet familier de trois heures peut vous faire instantanément ressentir que vous êtes sur votre propre territoire.  Même quand vous sortez de l’autoroute pour entrer dans une ville telle Drummondville (au Québec) ou Red-Deer (en Alberta), vous avez encore la sensation d’être chez vous.  Les gens dans les villes de ces tailles (40,000 à 120,000) ont tous grandi dans le même système; même système d’éducation, une économie semblable (ils partagent les mêmes enjeux économiques), accompagnés des mêmes défis dans la vie, les mêmes milieux d’emploi, et en gros ces gens sont fait de la même étoffe – peu importe où il se trouvent au Canada (oui, il existe des nuances et subtilités dans les programmes sociaux entre le Québec et l’Alberta, mais sur une échelle globale de 360 degrés, ces différences ne comptent que pour 3 ou 4 degrés.  Globalement, c’est ne pas grande chose).   Cependant, si vous conduisez quelques heures vers le sud aux États-Unis, bon, les villes là-bas vous donneraient une sensation “très” différente – une différence plus que palpable.

C’est ce genre de comparaisons qui peut combler les écarts et qui nous donne du terrain d’entente.  Se sont du même coup ce genre de comparaisons qui vous donnent l’incitation d’apprendre davantage sur nos compatriotes, notre pays, et d’apprécier les différences existentielles qui y existent.

Ce que je trouve le plus intéressant dans l’équation que je viens de vous décrire, c’est que les villes telles les Drummondville du Québec ou les Red-Deer de l’Alberta constituent une très grande partie de non seulement ces deux provinces, mais également l’intégrale du territoire canadien.  En effet, les villes comme Montréal, Québec, Calgary ou Edmonton sont des anomalies sur l’échelle nationale — dans le sens qu’elles sont des “îlots”, chacune avec son propre caractère (ce qui est tout à fait naturel, car Lyon n’a pas du tout le même caractère que Bordeaux, Manchester n’a pas du tout le même caractère que Birmingham, et Phoenix n’a pas du tout le même caractère que Boston)… mais chacun de ces îlots uniques sont entourés d’une mer de petites villes comme les Drummondville, Red-Deer, Trois-Rivières, et Lethbridge du Canada.  Si les villes îlots sont les fleurs da la couette nationale, ce sont ces autres villes et leurs habitants qui font les coutures et l’étoffe de la couette.

Une autre chose que je trouve super intéressant (plus souvent qu’autrement), c’est qu’il ne faut pas s’éloigner très loin pour trouver des différences sensationnelles, desquelles on pourrait incorporer dans nos propres vies comme partie de notre propre héritage culturel à nous tous.  Hormis certaines différences culturelles, il existe bien sûr des différences en termes de géographie.

Un peu en dehors de l’autoroute 20, il ne suffit que de conduire une autre deux heures au nord de Québec pour traverser la très charmante région de Charlevoix.  J’ai pris la peine d’y passer un peu de temps il y a trois semaines (il faisait déjà un bon bout de temps depuis mon dernier passage dans le coin, alors le temps est venu d’y rentrer).   Je me suis profité pour faire un arrêt au centre de ski Mont-St-Anne, et simplement profiter innocemment de la vie et le paysage que seulement la région de Charlevoix pourrait nous offrir.

Dans le même ordre d’idée, on n’a qu’à sortir de l’autoroute 2 au niveau de Calgary, et de conduire une autre deux heures pour être en pleine territoire des Rocheuses.  Plutôt cette semaine-même je l’ai fait avec des amis de l’Ontario.

Et, comme en Charlevoix, dans les Rocheuses on y est entouré des centres de ski…

… Je suppose que cela signifie que même lorsqu’on est entouré de très grandes différences d’une région à l’autre, on est quand-même toujours entouré des points de repère communs à nous tous.  Profitons-en, ils nous appartiennent!  🙂

Les photos qui accompagnent ce billet se trouvent à la fin du billet précédent.

Oil Pipelines in Québec – A Hot-Button issue (#123)

This post will be on the very hot-button issue of oil pipelines in Québec.  The pipeline company, TransCanada, is planning to upgrade existing cross-Canada pipelines, and build extensions.  It will pipe Canadian domestic “oil-sands” oil to Eastern Canadian refineries for the very first time in history (currently, Eastern Canadian refineries refine imported foreign oil or oil brought in from Western Canada by train).

Here’s a map I made which gives a general overview of the plans (click to enlarge)

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Unless you watch or listen to the media in French, people in predominantly Anglophone provinces seldom hear the actual conversations going on between Québécois themselves (it’s kind of an unfortunate reality, but then again, provincially-specific topics in Canada are rarely discussed anywhere but in their own respective provinces, regardless if they are in English or French).

I was driving from Québec City to Montréal earlier this week and listening to a Québec City radio station when I overheard an interesting discussion between two rather influential public figures.  It was a discussion of opposing views on the whole issue of oil pipelines being laid across Québec.  I thought I’d translate a portion of the conversation and share it with you to give a little bit of insight of how people in Québec are viewing the issues.    The next Federal election is slated for end October 2015 (unless for some reason it’s called soon after the March budget – which looks less and less likely), and this conversation embodies how the issue is being discussed in the run-up to the election.

Carl Monette is a radio program host on Radio-X, Québec City – Eastern Québec’s most listened to radio station.

Bernard Drainville is a contender for the leadership of the Parti Québécois.  He is a former PQ cabinet minister, and used to be a well-known reporter for Radio-Canada.

The following is a translation (from French) of a small part of their much larger conversation on Radio-X.  This particular segment relates directly to oil piplelines.

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DRAINVILLE:  [In a conversation about sovereignty, Drainville says…]  If we cannot hold a referendum in the first mandate [if we can win the next election], then we need to take the time during that mandate to show to the electorate that we’re able to [achieve sovereignty].  We need to give the economic numbers, we need to present economic and financial forecasts.   We need to demonstrate that it will be a good thing. Look what’s happening with the [TransCanada] pipeline [which they want to build across Québec].   [Liberal Québec Premier] Couillard tells us we have to accept a pipeline which moves 1.1 million barrels of oil a day, on our soil, solely in exchange for a [$9 billion federal] equalization cheque.   For me, forget the equalization cheque – because just look at the price tag which will come with it for us:  It’s going to be a 100 year pipeline, it can actually last 100 years if it’s well maintained.   So then [within that period], who’s going to pay if it bursts?   Who?  Who’s going to pay if it bursts [sometime in the next 100 years]?  (note:  I’m assuming he means that TransCanada, the company, may not exist in say 40 or 80 years, just as companies which existed 50 years ago don’t exist today).

MONETTE:  So then, are we better to then just continue importing our gas from Texas, already refined, on our St. Lawrence River?   You want it to be done this way rather than bringing it in from here at home, refine it here at home, and using it here at home?  That’s what I understand you to be saying.

(note:  Eastern Canada imports oil primarily from North Africa, Venezuela, and somewhat from the US.  This is because there are no pipelines from Western Canada.  Whereas Western Canada’s gasoline is mostly from domestic sources, Eastern Canadian gasoline is primarily imported from other countries).

DRAINVILLE:  Come on, we don’t refine anything here at home.  The TransCanada pipeline…

MONETTE: So then we don’t do anything?  We do absolutely nothing?   The money that Canada will make from the pipeline, it’s going to come back to us.  It’s also our money too you know.

DRAINVILLE:  The TransCanada pipeline, it’s used to transport oil across our territory [Québec], which is not refined here.  [The pipline’s] only function is [to move the oil from West to East], to export the oil.

MONETTE:  Yes, but that money, who do you think it goes to?   Canadians get it.

DRAINVILLE:  (Pause, & puffing noise)

MONETTE:  We get it back in taxes!  Would you rather pay for oil from Texas, and bring it in by boat on our St. Lawrence, than bring it in by pipeline?   I don’t understand you.

DRAINVILLE:  My objective is to reduce our dependence on oil.  You know, our oil comes in from elsewhere, regardless if it comes from Alberta, Newfoundland, or Saudi Arabia – it all comes from elsewhere.  It’s about time that we replace…

MONETTE:  Why not bring it in from here at home?  It’s always better to bring it in from our own country than from another, or a Mid-East country, or the United States?

DRAINVILLE:  What’s the interest in allowing a pipeline which brings us hardly any major advantages?

MONETTE:  It’s the most secure form of oil transportation that exists.  It’s coming across our territory [Québec] regardless.  So we’re better to take it in this manner for the time being [by pipeline], and once we develop other resources, then we’ll take those other sources.  But for the time being, I know it sucks, but my car doesn’t run on water.

DRAINVILLE:  Well, once we get to that point, the pipeline, we’re going to be stuck with it for 100 years.  I’m not one for that.  I think there are ways we can develop… Yes, I think you’re right, we have to make a transition.  Of course we’re going to continue to use oil for a certain period of time…

MONETTE:  We don’t have a choice.  Look around you.  About 95% of anything you see if made from oil.  We don’t have a choice.   I don’t want to buy my oil from the United States, or from the Middle-East.  We have it here, so why don’t we use it in our own country?

DRAINVILLE:  No, not with the [environmental] price that’s to be paid for it.  Not with the risks that come with it.   It’s not right what you’re proposing.   The oil sands, the dirtiest form that exists.

MONETTE:  When it comes to oil, there is no such thing as dirtier or less dirty, or half-dirty… Can we just agree on this?  I don’t want boats coming here from Texas with oil that has already be refined.

DRAINVILLE:  I’m going to tell you something… If you run a pipe under my property, but I’m the one who assumes all the risks, if an accident does ever occur, then I’m the one who’s on the hook for cleaning it up.   Can you think of a reason why I should say that’s ok?

MONETTE:  Ok… we have the (Québec) Ministry of Natural Resources who have already announced that the risks are going to be assumed by the pipeline companies. It was all covered in the media last week.

DRAINVILLE:  Oh, come on… look at how you believe that sort of thing!

MONETTE:  Yes. Well, it’s better than listening to the Parti Québécois when they say we’ll be living a rainbow dream with separation and that will make us rich.

DRAINVILLE:  We saw how much the “beautiful assurances” did for us when we saw what happened in Lac-Mégantique.  (Note:  A train, moving oil from North Dakota to Maine, transited Québec two years ago, derailed, exploded, killed about 40 people, and basically blew an entire town off the face of the map – it was an awful tragedy, and emotions have been running sky-high ever since). Frankly, in Lac-Mégantique, Transport Canada didn’t do its job – Specifically Transport Canada.  We saw the risks involved when you transit oil through our territory.   Don’t you think it’s possible to draw some lessons from that experience?  Don’t you think we can create a goal of reducing our dependence on oil?  Are we not able to resist jumping on board in such projects, such as those of TransCanada which do nothing but make us run enormous risks for marginal benefits?

MONETTE:  Oh, come on. No way, No way.  It will be billions of dollars in taxes which will go into Federal coffers from this.

DRAINVILLE:  Yah, there you go (sarcastic tone), right, the Federal government is going to put the money in “their” pockets.

MONETTE:  Well, they’re giving us right now $9 billion dollars [in equalization payments], so I’m not jumping on the line you’re feeding me, you know. We’re never going to agree on this.

DRAINVILLE:  No, on this we’re not going to agree on, but there will be other things we can agree on.

MONETTE:  Yes.

The two concluded their conversation on other topics.   After hanging up, Monette had the following to say…

MONETTE:  Bernard Drainville is someone for whom I still have respect, even if I agree with almost none of his stances, except for the Charter of Values.   He’s come to the studio for past live interviews.  We always have good discussions, but then we always finish in a pile of crap (tout le temps dans la marde).   It’s not complicated – it usually goes like this… we start out never agreeing, our conversations go slowly up-hill, it turns an a not-so-great direction, but at least we finished on a good note.

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As you can see, pipelines are very hot-button issues in Québec, with many people at odds on how to view them.  I’m doing my best to write this post in as an objective manner as possible (I do have long-standing views on oil pipelines myself, but I don’t consider my views to be extreme, one way or the other.  I consider them to be balanced, but in this post, I won’t discuss my own specific views in order to maintain a more neutral tone).

I can tell you, from my own personal experience in discussing this issue with friends in different regions of Québec, the whole issue of pipelines can become very emotional.  There can be a strong principle & ideological based divide between people who believe pipelines are mostly an environmental matter versus those who believe they are mostly an economic matter.  Adding to this complex mix, some people believe the issues should be managed strictly on a principle and ideological-based platform, and others believe the issues should be managed strictly on a practical, quick results, and a day-to-day reality basis.  Regardless of your views on oil pipelines, more than in any other province in Canada, it would be in Québec where you would be likely to get into a very heated and emotional discussion on this issue (of course there are exceptions in every province, but I’m presenting this post in very general terms).

Probably only a few major issues will play into how Québécois will vote in the next Federal election (perhaps 4 or 5 major issues).  One of the main issues will be the issue of laying oil pipelines within Québec.

In order to understand the issues, it’s important to mention that environmental and natural resource issues are usually “provincial” jurisdiction – but they constitutionally become federal jurisdiction when it enters the realm of cross-border domestic pipelines or cross-border international pollution – and thus because the pipelines will be crossing various provincial borders, the matter has become federal jurisdiction.  It thus becomes an issue for the federal vote.   That being said, Federal parties are more than aware that it would be political suicide to not include their provincial counterparts in the discussion, and at the very minimum, give weight to what provincial governments have to say (even if it’s not provincial jurisdiction).  Much like BC and Ontario, Québec’s provincial government has said it will not give their (symbolic) consent to the TransCanada pipeline project unless certain environmental and safety conditions are met (Québec and Ontario drafted a list).  Despite the province not having jurisdiction to impose such conditions, it would be political suicide for the Federal government to ignore such conditions – and thus the Feds are agreeing to accept provincially outlined conditions.

People in Western Canada are generally used to dealing with pipeline issues.  Generally speaking (and yes, I’m overgeneralizing here):

  • we see strong support for pipelines in Alberta, Saskatchewan and Manitoba,
  • little support for them in BC (particularly in urban regions where the majority of the population resides, and especially when discussing pipelines in environmentally sensitive areas),
  • very mixed signals towards them in Ontario (Ontario is a funny case – some regions are ok with them, yet other regions and people are quite skeptical or anti-pipeline)
  • Pro-pipeline and luke-warm support in Atlantic Canada (yet NB is quite anti-fracking, which is interesting because other pro-pipeline regions across North America are often OK with fracking),
  • A very mixed bag in Québec, but overall, a negative view towards pipelines being laid in the province. But there seems to be a lot of soul-searching on the issue in Québec at the moment.

I say there’s a mixed bag in Québec because of the Montréal / Québec City political and economic divide.  Québec is often a Tale of Two Provinces (a concept very poorly understood in the rest of Canada).  It’s a split between two major population zones; the East (Greater Québec City, and to some extent Saguenay-Lac-St-Jean / Beauce), and the West (Greater Montréal and to some extent other adjacent regions).

To give you an idea just how differently these two regions think, view issues and vote, you need to look no further than today’s Crop-La Presse poll on Québec City’s voting intentions :

  • In Québec City region, with 37% of intended votes, the Federal Conservatives would win the majority of the vote if an election were held today.  They would also likely pick up additional seats. The 2nd place goes to the NPD (31%), the Federal Liberals are 3rd place (they get 21%), and the Bloc Québécois is 4th place with 11%
  • The poll didn’t give Montréal (West Québec) voting intentions, but it did give Québec’s overall voting intentions as a whole. The Liberals and in 1st place (37%), the NDP 2nd place (30%), the Bloc Québécois has 3rd place (17%) and the Conservative are 4th place (13%).   That 13% presumably is entirely concentrated in the Québec City and adjacent regions.
  • These latter numbers are for Québec as a whole, but Montréal votes much heavier for the NDP than other reasons. In Montréal, I would not be surprised if the NDP has 1st place, the Liberals 2nd, if the Bloc is 3rd, and the Conservatives have almost zero (the exact opposite from Québec City and Eastern Québec).  These are what recent past polls have shown at any rate.

Montréal, and surrounding regions (which has the bulk of Québec’s population) are generally against pipelines – and you see this reflected with almost zero Conservative support in the Montréal region.  There is a strong anti-pipeline activist movement in the region and in Montréwood media.  People in the region often take a harder environmental line based on principle.  Yes, I know there are nuances, but this is a general overview.

Québec City and surrounding regions (the 2nd most populous region of Québec) are not as hostile towards to the idea of pipelines, and you’ll note that the Conservatives are leading in this region.  There is a major refinery in the Québec City metro region (Lévis), and people in the region are used to seeing (with their own eyes) petroleum ocean tankers going down the St. Lawrence, past downtown Québec, and docking at the oil terminal port in Lévis (when I was in Québec City this week, I stood on the banks of the St. Lawrence and watched as a couple foreign oil tanker steamed passed me – it was interesting to watch them dock at the refineries – and even more interesting to know that this very oil, be it from Africa or Venezuela, could very likely end up in my car’s tank in Toronto in a few weeks time).    Also, overall political tendencies in the Greater Québec City region can be very different from those in Montréal.

If we look back to the radio conversation, both sides said things which are valid, and there are many other things both sides could have used in their respective arguments.  As you could see, the conversation was generally discussed on an environmental vs. economic scale.  Some of the facts which both Drainville and Monette gave were not correct, and some of the facts both gave were correct but incomplete.  But the points which were incorrect were not major inaccuracies.

Drainville could have mentioned additional argument points, such as:

  • the high CO2 emissions and waste water created from the oil-sand extraction process (in Alberta)
  • issues regarding water and solid waste resulting from the oil-sand extraction process (in Alberta)
  • the need to inject polluting and diluting chemicals directly into the heavy oil within the pipelines in order to make the oil viscous enough to be transported – and the problems of what to do with all these chemicals after the oil reaches its destination
  • the emissions which will come from the Suncor, Lévis and Irving refineries in Québec and New Brunswick once a heavier oil is refined in these three refineries (imported oil, currently being refined in here is much lighter and doesn’t require as much upgrading).
  • Even after refining and consuming the pipelines’ oil, there will be an excess of oil (about 1/3 of all the oil piped in the pipeline) which can be exported from Québec ports to other countries of the world. To date, proposed locations for new export terminal ports have been in environmentally sensitive areas, such as Cacouna, Québec – a place where noise-sensitive Beluga whales (an endangered species) mate and rear their young. (Note, two weeks ago, both TransCanada pipelines, the Québec government and the Federal government all agreed Cacouna is not an acceptable place to locate an export port – and they’re now searching for a new location)
  • With more pipelines come more oil extraction, and there is a question as to whether “per-ton of oil” reductions in pollution can outpace “per-ton increases” in oil extraction.
  • The potential damage to the environment (in Alberta and Québec, through potential pipe leaks, oil tanker accidents, and general emissions), while waiting for better environmental results to come about, could be severe.

Monnette could have mentioned things such as:

  • Alberta’s provincial government carbon market imposes financial penalties on oil companies which pollute above a certain bar. The penalties are paid on a per-ton of pollution basis, and monies garnered are automatically placed in an environmental technology development fund.   Companies have therefore been actively developing ways to reduce their pollution per ton of oil extracted, and every year there are better results per barrel of oil.   If results continue in this same direction for another 30 years, there could be very promising results which will satisfy a much larger part of Québec’s concerns.
  • Alberta’s government has been investing massively in developing new environmental pollution control technologies, and has been making substantial progress.
  • The Québec Provincial government and BAPE (A Québec Ministry of Environment public consultation mechanism) have imposed newly developed, strict environmental and safety conditions on the Federal government. They minimize risks of accidents on any portion of the pipeline and oil transport process.
  • Both the Suncor oil refinery in Montréal’s East End, and the Jean-Gaulin refinery in Lévis (Québec City) will, for the first time ever, be refining domestic oil. In order to refine the heavier oil-sands oil, they will require major upgrades with the latest and most modern environmental technology available (more modern than almost any other refinery in the world).   Thus, their pollution controls will be among the strictest available anywhere in the world (better than they currently are), and they will directly create hundreds of direct jobs in Québec, and thousands of indirect jobs.
  • Oil tanker ships are already doing daily runs on the St-Lawrence (Québec City residents see them every day, but Montréal residents don’t see them owing to the location of docking locations). The situation wouldn’t change from today’s current situation, except for the direction the tankers will take.   In addition, all levels of government and private industry are looking for a much safer and environmentally friendly location for an additional export port (after Cacouna’s rejection).
  • There will no longer be any need to transport oil by train across Québec (which is much more dangerous than through pipelines).
  • Pipelines already cross under the St. Lawrence River and all across Québec (even underneath various parts of Montréal City itself), so in this respect, there would be nothing different from what is already being proposed, and nobody has complained before.  The new pipeline would be even more modern and safer than existing pipelines.
  • Current oil tankers bringing in foreign oil on the St. Lawrence are often from developing countries, and their safety designs are not as good as those proposed for the new tankers which will take Canadian oil from Québec ports to foreign markers (thicker hulls, newer technology, etc.).

There are many other arguments both Drainville and Monette could have made, apart from the ones I mentioned above.  But some arguments become quite complex and technical (while still remaining quite significant).  They’re not generally arguments made on a fast-paced radio program or around a kitchen table.

Regardless, Premier Couillard’s nix (a complete ban) earlier this week on any shale gas extraction within Québec was directly related to the public’s lack of appetite for running various environmental risks.  That in itself shows just how touchy a matter energy and the environment can be in many parts of Québec – regardless of what arguments and counter-arguments are presented.

But what really makes things complex is that there is a large part of Québec (the Québec City and surrounding regions) which would be for the pipelines, whereas another large part of Québec (Montréal and surrounding regions) is very much anti-pipelines.    There’s a lot of internal debate in Québec, and heavy-weight public personalities, on both sides of the issues, are making very vocal arguments in the media – television, radio, and newspapers (often anti-pipeline voices are heard much louder simply by nature the Québec’s media base being physically located in Montréal).

It will be very interesting to see how things pan out over the next year.  I personally predict that the pipeline will be built, a much less sensitive location will be found for the new export port, but that the Federal Conservatives and Liberals will both continue to pay a political price in the Montréal region (whereas they’ll continue to fare quite well in the Québec City region) — status quo if you will.  The provincial Liberal government’s own public opinion ratings (and the CAQ which is allied with the government on this issue), as well as those of the opposition PQ may also see similar political consequences shift in théier favour or against them based on a Montréal / Québec City split.

That’s my prediction, but time will tell.  As usual, things will remain quite interesting.

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