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Qu’est ce qui est arrivé durant les quelques années suivant l’arrivée des Britanniques au Québec? (#379)

Il y a plusieurs billets, je vous ai offert une vidéo d’un discours qu’a tenu Jason Kenny lorsqu’il était ministre fédéral Conservateur de Citoyenneté et Immigration Canada : Funny what gets dragged from the attic when politics get involved.  

C’est une vidéo qui a fait jaser au Québec.  Dans cette vidéo, il parlait de sa manière de voir le rôle qu’a joué les Britanniques et le multiculturalisme dans le contexte du transfert de la Nouvelle-France.

La vidéo a tant fait jaser que Rad-Can sentait le besoin de mettre les choses au clair il y a un couple de jours.

Comme j’ai souligné dans le billet ci-dessus, je ne suis pas d’accord avec la caractérisation que nous a présenté Kenny sur les origines des politiques du multiculturalisme moderne du Canada.

Toutefois, ceci étant dit, j’ai mentionné que l’approche Britannique quand-même se basait sur une idéologie assez laissez-faire (même malléable et ductile) quant à leur système de gouvernance au cours du siècle suivant le transfert du pouvoir (du moins dans le contexte de l’époque, et surtout comparé aux autres systèmes ailleurs au monde).

J’ai mentionné que cette approche elle-même a pu poser les fondements sur lesquels on a pu bâtir un bon nombre de projets de société… des legs dont on ressent toujours, et dont on ne devrait pas considérer sous un angle négatif.

C’est une époque dont on ne parle très peu, et qui est très mal comprise.

Nous sommes tous le produit de notre passé.  Et l’ère des britanniques fait autant partie de notre passé (et de notre identité collective) que l’époque coloniale française, ainsi que tout le kit qui nous est arrivé au vingtième siècle jusqu’au présent – tant au niveau de la société que personnel.

Le voici le récit de Rad-Canada.  Je le trouve assez intéressant.

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(Voici le lien pour l’émission complète:  http://ici.radio-canada.ca/emissions/les_samedis_du_monde/2015-2016/chronique.asp?idChronique=386638)

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200e anniversaire de la bataille de Waterloo : Comment elle a pu façonner à jamais le Québec et le Canada (#290)

Battle of Waterloo

Aujourd’hui est le 200ième anniversaire de la Bataille de Waterloo dans laquelle Napoléon Bonaparte fut défait (18 juin 1815).

Au cours des années qui ont mené à la bataille de 1815, une grande partie de l’Europe était sous contrôle de la force de l’armée de Napoléon.  L’Empire britannique se heurtait depuis longtemps à un blocus qui avait anéanti la libre expansion de ses aspirations.  C’était la politique d’encercler, voire étrangler l’Empire britannique et de la couper de ses ressources.   L’influence de l’Empire paneuropéenne de Napoléon s’étendait si large que même des pays dits neutres se sentaient la pression de couper les vivres à l’Empire Britannique.

Afin de ne pas être suffoquée, l’Empire britannique a fait appel à ses colonies outremer de se mobiliser.  En pratique, cela voulait dire que le Canada lui aussi s’est mobilisé de sa façon.  Il est important de ne pas oublier que ce qui constitue la région du Québec moderne se trouvait, au début des années 1800, au noyau des colonies canadiennes (en termes de taille, de démographie, et de l’industrie).

Au tout début des années 1800, le Canada était un pays d’habitants agraires et de fourrures – dont une grande partie était des canadiens français.  Mais la mobilisation britannique contre Napoléon a fait en sorte que le Canada s’est transformé en pays avec une économie « internationalisée ».

Cette transition s’est fait en raison de l’explosion de l’industrie du bois dans la vallée de l’Outaouais, et de la production du blé à exporter des terres-basses du Saint-Laurent.  Nonobstant les évènements plus récents telle la révolution industrielle, l’économie numérique et l’ère de l’économie globale, cette première « internationalisation » de l’économie canadienne – par voie des industries du bois et du blé exportable – en serait une qui changerait à jamais le cours de l’histoire du Québec et du Canada.

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 (Ci-dessous) La Vallée de l’Outaouis au centre de laquelle se trouve la ville capitale du Canada, Ottawa.

La vallée de l’Outaouais fut une énorme région de pins.  Afin de sauver l’Empire britannique d’une mort à asphyxie économique aux mains de Napoléon Bonaparte, les pins de la Vallée de l’Outaouais furent récoltés et servaient de matériel de base pour la construction des grands navires britanniques.

Au début des années 1800, cette activité de la récolte des pins donnait lieu à la naissance de la ville d’Ottawa (Bytown), jadis une ville à base de l’industrie du bois.  N’eût été l’activité forestière de cette région à grande échelle, le sort d’Ottawa serait questionnable.  L’Est de l’Ontario ne se serait pas développé, et il serait à chacun à deviner ce qui aurait pu être la ville capitale du Canada de nos jours.

Les navires de la grande marine marchande, ainsi que d’autres navires (militaires entre autres), tous à destination à l’Empire britannique, furent construits à la ville de Québec des pins transportés de la Vallée de l’Outaouais.

À cette époque-là, la ville de Québec comptait une population anglophone bien au-delà des pourcentages d’aujourd’hui.  Au cours des années 1800, la population anglophone de Québec atteignait un niveau au-dessus de 40% de la population totale.  Même aujourd’hui, si vous alliez cheminer les anciennes ruelles de Québec, vous trouveriez toujours des plaques en pierre affixées aux vieilles édifices qui datent d’il y a 130 à 200 ans et qui portent les noms des grandes compagnies et noms anglais de l’époque.

Le port de Québec devint la plaque tournante de la construction navale internationale en Amérique du nord – développé par, et à l’usage de l’Empire britannique.  Sans ces chantiers navals, une bonne partie de ce que comprend la vieille ville de Québec, ses remparts, et son quartier portuaire n’existerait pas (Forts du legs laissé par l’effervescence des années 1800, la prochaine fois que vous vous rendez visite à Québec pour le tourisme, vous pouvez remercier, en grande partie, les évènements qui menaient à la bataille de Waterloo pour beaucoup de ce patrimoine culturel).

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 (Ci-dessus) Des édifices typiquement commerciales à Québec, issues de l’ère économique affiliée aux évènements de l’époque la bataille de Waterloo

Parmi les grandes sociétés naquit de la nécessité d’approvisionner l’Empire britannique du bois dans la construction des navires fut le « Price Lumber Company ».  C’est une compagnie qui existe toujours, mais maintenant sous le nom de « Résolu » – une des plus vieilles sociétés régénératives du Canada.   Au départ, la « Price Lumber compagnie » est devenue

  • “Price Brothers and Company”, qui devint plus tard connue sous le nom de
  • “Abitibi-Price”, qui devint plus tard connue sous le nom de
  • “Abitibi-Consolidated”, qui devint plus tard connue sous le nom de
  • “AbitibiBowater”, et qui est aujourd’hui connue sous le nom de
  • “Résolu Produits forestiers”.

Résolu est une société forestière de plusieurs milliards de dollars et une entreprise clé du Canada moderne.  Avec son siège social à Montréal, elle est cotée à la bourse de New York et elle compte des opérations à travers le Canada et les États-Unis.

Outre l’industrialisation massive liée aux nouveaux chantiers navals de l’industrie forestière, on peut constater l’émergence de la bourgeoisie canadienne anglaise.  Au moment des exploits de Napoléon, Montréal fut la seule ville majeure du Canada.   La ville de Québec fut la deuxième ville en importance au Canada (peut-être avec Halifax comme sa rivale la plus proche).  Toronto n’apparaissait même pas sur les écrans radars, et l’Ouest n’existait même pas en forme substantif.

Il était naturel que Montréal soit devenue la plaque tournante pour la nouvelle bourgeoisie canadienne anglaise.  Les francophones, pour la plupart, ne vivaient pas à Montréal.  Ils vivaient plutôt dans les petits centres dans les régions rurales.  Désormais, Montréal est devenue une ville « anglaise » de l’époque.

La part du lion de l’ancienne architecture et l’ancien caractère que l’on voit aujourd’hui à Montréal est issu du financement de l’époque des nouvelles industries « internationales » du Canada.   Les nouvelles industries forestières et les nouveaux chantiers ont fait que Montréal est devenue le centre des banques, des usines, du commerce intérieur, la source des routes de transport – et, d’autant plus important, le point d’émergence des grandes familles Anglo-Saxonnes (dont les noms circulent encore dans le monde des affaires montréalaises).  Ce fut l’établissement d’une base solide d’une nouvelle économie sur les territoires qu’occupent aujourd’hui le Québec et le Canada.

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(Ci-dessus) Des édifices typiquement commerciales à Montréal, issues de l’ère économique affiliéé aux évènements de l’époque la bataille de Waterloo

Ce deuxième front économique sur sol canadien servait à supporter l’Empire britannique contre l’offensive de Napoléon.   Mais encore plus important pour le Canada, ce nouveau front économique a suscité des effets secondaires qui ont mené à un des changements de société les plus grands et les plus importants dans l’histoire du Canada et de l’Amérique du nord : la nouvelle « identité canadienne britannique ».

Avant 1815, le Canada était essentiellement peuplé de francophones (d’un océan à l’autre).  Même les territoires qu’occupe actuellement l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba étaient principalement francophone jusqu’aux années 1870).  Le pays était également peuplé d’amérindiens, des immigrants loyalistes (qui fuyaient les États-Unis et qui se sont établis dans les Comtés de l’est du Bas-Canada et dans le coin du Comté du Prince-Édouard sur les bords du Lac Ontario) et des colons anglo-saxons dans ce qui sont maintenant les parties les plus à l’est des provinces Atlantiques.  On pourrait se dire qu’avant 1815, sur la surface, le Canada n’avait pas « d’esprit britannique ».

Que nous soyons anglophones ou francophones, aujourd’hui au Canada, nous ne nous considérons pas du tout britannique.  Nous n’estimons même pas porter des spécificités d’esprit britannique (bien sûr, il nous reste certaines « canadianisations » de certaines traditions britanniques d’antan – mais on les considère plutôt des traditions canadiennes d’adoption, affiliées aux racines de l’Angleterre d’antan, mais qui, sur sol canadien, ne s’identifient plus comme des traditions britanniques en soient).

En temps modernes, cela fait qu’il existe un pare-feu mental dans l’esprit des canadiens – un qui sépare les anciennes traditions en sol canadien de la Grande-Bretagne.   Pour les canadiens de nos jours, de se faire appeler « Britannique » est une notion révolue, erronée, bizarre, voire « étranger ».  C’est une notion que l’on associe peut-être à la génération de nos arrière grands-parents anglophones – surtout ceux qui vivaient dans l’est du Canada (et j’ajouterai que celle-ci est souvent un principe difficile à comprendre pour certains nationalistes québécois indépendantistes [mais pas tous]; dû en partie à la barrière linguistique et dû en partie au fait de ne pas avoir voyagé/vécu ailleurs au Canada).

Cependant, la “Britishification” (nouveau mot??) du Canada durant les années qui suivaient la bataille de Waterloo était bel et bien un phénomène bien réel – un qui portait une arme à double tranchant.  Le progrès économique a apporté une migration économique massive, une qui était britannique.  Mais cette migration britannique a donné lieu au contre-mouvement du nationalisme canadien français (duquel on ressent toujours les répercussions à nos jours; le nationalisme Québecois et le mouvement moderne indépendantiste).

Lors de la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo en 1815, des dizaines de milliers de soldats britanniques, ainsi que des centaines de milliers de travailleurs britanniques se voyaient libérés (directement ou indirectement) des efforts de guerre contre Napoléon.  De plus, la marine guerrière britannique s’est vue transformer en marine marchande.

Désormais, durant les décennies après 1815, le Canada a accueilli un afflux massif de colonialistes britannique “nouvellement libéré à la recherche de nouvels horizons et de nouvelles terres” (provenant de l’Écosse, de l’Angleterre, du Pays de Galles, et de l’Irlande).

Pendant la période des 125 ans qui suivaient la bataille de Waterloo, le Canada anglais s’identifiait plus avec la Grande-Bretagne qu’avec une identité canadienne propre.   Cette identité « britannique » perdurerait dans l’esprit du Canada anglais jusqu’à la première partie du 20ième siècle (il ne fallait que d’attendre la période d’après-guerre de la première guerre mondiale avant que cette notion ne change, et qu’une identité canadienne, propre au Canada, se forgait dans l’esprit des gens).

Aujourd’hui vous allez sans doute entendre parler des évènements commémoratifs entourant la défaite de Napoléon à la bataille de Waterloo il y a 200 ans, jour pour jour.  Je vous invite à réfléchir à quel point cette série d’évènements a eu un effet sur le Canada, avant la bataille, tout comme après.

Les industries, l’internationalisation, la trame sociale, les tissus culturels et ethniques, ainsi que les sentiments nationalistes du Québec et du Canada (des deux côtés de la ligne linguistique) ont tous été grandement influencés par les reverberations économiques de l’ère guerrière de Napoléon (bien au-delà des actions ou de l’idéologie de la guerre elle même).

Il suffit de dire que la bataille de Waterloo fut un évènement qui marqua à jamais l’histoire du Québec et du Canada, tout comme l’Europe – mais par les moyens et les façons bien différents qu’en Europe.

Conditioning: A few words regarding the death of Jacques Parizeau (#285)

A short word on today’s passing of Jacques Parizeau.

This will be quite an unexpected lesson in conditioning (the subject of the current series of several posts) – one which was not planned and is completely by chance owing to today’s sudden announcement of Mr. Parizeau’s passing.

Although controversial, Jacques Parizeau was a man of incredible vision and one of the most influential people in not only Québec’s modern history, but also Canada’s modern history.

The book “Jacques Parizeau, un bâtisseur”, by Laurence Richard, was the first biography I ever read (in the early 1990s, strangely enough when I was in was about 14 or 15 years old).

During his time as Premier, it was quite apparent to most people that he had one goal. He had the integrity to head straight for that goal as fast as possible — No detours, no hesitation. It was understood that the any pieces and “collateral damage” resulting from that goal could be dealt with after. Regardless if people agreed or not with his approach or end goal, people knew where he stood, and were invited to take it or leave it. In 1995, people left it.

Mr. Parizeau was generally upfront in this sense (as upfront as he could be considering he had to form and maintain coalitions with others who were more hesitant), and he deserves everyone’s respect for having the integrity to let it be known where he stood on issues under such circumstances.

It is a lesson all politicians from all political stripes can learn from.

How this fits into conditioning:

As a builder of government institutions during Quebec’s Quiet Revolution, he achieved more in his time as a cabinet minister during René Levesque’s government than what several ministers achieve in the course of a few governments.   He embarked on a wide range of industry nationalizations, the setting up of sovereign investment and pension funds, and other government institutions – many of which have since been copied across Canada – provincially coast to coast, or federally.

I always thought that had Mr. Parizeau been federalist, and had he sought to change the federation, the country in its entirety would have achieved heights never before conceived of.  However, history made it so he assumed a different role.

Yet his role as a builder of Québec’s fundamental institutions, and the values which have ensued from those institutions have undoubtedly had a spill over imbued effect into Canada’s overall collective psyche (one region of the country invariably and eventually affects other parts of the country).

In a strange twist of fate, Parizeau’s role as a “builder of modern Québec” has made him a builder of Québec’s modern psyche and society — and through the spill-over affect, of Canada’s modern psyche and society also (which heavily revolves around our highly province-to-province integrated collective welfare & social systems, economic and political systems, and societal expectations).  Thus, Mr. Parizeau has indirectly (and probably quite unknowingly) played a role in bringing Québec’s and English Canada’s collective psyches and societies closer in line than any time before.

He likely thought that Québec would have achieved independence decades ago before such a phenomenon could have ever occurred.

In this sense, a little bit of Jacques Parizeau will always be with all of us, regardless if you are Anglophone, Francophone, or regardless if you are from Vancouver, Saskatoon, Yarmouth or Hamilton.  We have all be impacted in some way by Parizeau’s society-building efforts.

Yet neither Anglophone patriotic conditioning, nor Francophone nationalist conditioning has him seen in this also equally valid light.


SERIES:  HOW THE PRESENTATION OF EVENTS IN MODERN HISTORY WHICH HAVE CONDITIONED US ALL REGARDING HOW WE VIEW OUR PLACE IN CANADA (13 POSTS)