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Les préjugés à l’égard de l’Alberta : La question de la “laïcité provinciale” – 2 sur 6 (#250)

(Au moment de l’écriture de ce billet, le NPD n’était pas encore au pouvoir en Alberta.  Le fait que le NPD a pu gagner l’élection albertaine avec une victoire majoritaire écrasante ne fait que confirmer et qu’accentuer les indices et tendances dont j’ai parlé dans cette série de six billets.  Et oui, le choix d’orange pour cette préambule n’est pas un hasard 😉 ). 

Lors du dernier billet, j’ai fait mention que j’allais aborder trois “sphères” de préjugés que conservent beaucoup de Québécois à l’égard de l’Alberta et les Albertains.   Un de ses préjugés que fouette la société sans relâche (et sans fondement) est celui de la question de la “religiosité” de l’Alberta, et sur l’hypothèse d’un agenda politique caché de la province, fondé sur la religion.

Il n’y a pas de doute que la société Québécoise valorise l’aspect laïque de sa cohésion sociétale.  Mais les tendances laïques au Canada ne se confinent pas seulement à l’intérieur des frontières québécoises ou parmi seulement le peuple québécois.

Je vous offre les statistiques suivantes, et beaucoup d’entre vous vont sans doute les trouver étonnantes.

Selon Statistiques Canada (2010), parmi les Albertains qui se déclarent être religieux:

  1. 71,3% des gens se déclarent être des chrétiens dans le sens traditionnel (avec le reste étant “spirituel” de nature floue ou personnelle, ou issus d’autres religions)
  2. Au Québec, 90,2% des gens se déclarent être chrétiens dans le sens traditionnel (avec le reste étant “spirituel” de nature floue ou personnelle, ou issus d’autres religions).

Ces derniers chiffres dénotent que même parmi ceux qui se déclarent être religieux, la proportion des Albertains religieux qui “pratiquent” leur religion dans le sens traditionnel (organisé) n’est que dans 71,3%  des gens.  Les autres gardent leurs croyances spirituelles à eux, ou sont issus d’une autre religion entière.  Tandis qu’au Québec, les Québécois religieux sont plus aptes à montrer et pratiquer leur religion plus ouvertement.

Alors, peut-être vous vous demanderiez quel serait le pourcentage des Albertains qui sont religieux.   Je vous offre d’autres statistiques encore plus révélatrices :

Des chiffres qui en parlent fort! (Cliquer pour l’agrandir).

Ab.rel.chrt.1

  • Sources de ces statistiques : 
  • * 26 mars 2015, selon le sondage national Angus reid, mené auprès des canadiens à travers le Canada.
  • ** 2010 un grand sondage national Gallup mené dans tous les états des É-U.  Ce qui est de plus, 10 autres sondages nationaux américains menés entre 2006 et 2012 arrivent tous aux mêmes conclusions consistantes.

Cette fois je ne vais pas mâcher mes mots.  Le Canada n’a pas de “Bible-Belt”, et l’Alberta ne présente même pas les ingrédients pour ce qui pourrait constituer un “Bible-Belt”.

Les “tendances religieuses modernes” de l’Alberta ne sont pas si différentes que celles du Québec ou toute autre province.  Pourtant, l’emploi du terme “Bible-Belt” pour décrire l’Alberta en soi en est un que j’entends à maintes reprises sur plusieurs émissions de télévision québécoise telle Tout le monde en parle, 24/60, Bazzo.tv, certaines émissions à la radio de Radio-Canada, les Francs-tireurs, Zone doc de Radio-Canada, les émissions de LCN, ainsi de suite (la liste est longue).

Je peux également vous offrir des noms spécifiques de plusieurs politiciens du PQ et du BQ qui ont employé ce terme à volonté dans leur obsession d’empêcher les Québécois de tisser le moindre lien émotif avec le reste du Canada (pour eux, c’est dans leur intérêt de propager ces mythes, et ce dans le but de faire en sorte que les Québécois se considéreraient incompatibles avec les Albertains — et par conséquence, le Canada.  C’est un manœuvre triste, trompeur, et franchement pathétique.  

En grandissant en Alberta, j’avais moi-même plusieurs professeurs québécois qui ont déménagé en Alberta du Québec, et qui avaient eux aussi ces préjugés au sujet de ce qu’ils s’attendaient à être la “religiosité” de l’Alberta — du moins jusqu’à ce qu’ils ont pu voir la réalité de la province eux-mêmes (ce qui a pu les faire constater que leurs propres idées préconçues n’étaient pas fondées).

Ce qui est troublant, c’est qu’un couple de ces professeurs d’école secondaire et d’autres profs québécois à l’université m’ont confié que leurs pairs au Québec soulevaient souvent cette question en classe auprès de leurs étudiants.   Et j’en crois bien, car même certains de mes amis au Québec m’ont dit que l’enseignement de la notion d’une Alberta “religieuse” est monnaie courante lors des cours d’histoire et des sciences sociales au Québec.

J’ai connu bien de Québécois qui ont déménagé en Alberta.  Mainte et maintes fois ils étaient étonnés par le fait qu’il ne se trouvait pas plus d’églises en Alberta qu’au Québec.  En effet, en conduisant d’un bout du Québec à l’autre (mettons de Gatineau jusqu’à Fermont ou en Gaspésie – des routes que j’ai parcouru moi-même en voiture à maintes reprises) on constaterait avec ses propres yeux que l’Alberta ne compte pas plus d’églises qu’au Québec.  De plus, il n’y a pas plus d’églises en Alberta qu’ailleurs au Canada – car la population du Canada d’un océan à l’autre, est généralement laïque (le nombre d’églises à travers le Canada (ou leur “absence”) demeure pas mal stable d’une province à une autre – que ce soit en C-B, en Alberta, en Ontario, au Québec ou en Nouvelle-Écosse – tout conforme avec le graphique à barre que je vous ai présenté ci-dessous.

Par contre, si vous alliez faire de la route dans plusieurs régions des É-U, là vous remarqueriez une grande différence entre les É-U et l’Alberta/le Québec; c’est même jour et nuit.  Les É-U sont bien plus religieux que “nous”.

Alors, d’où provient ce mythe qui est tant propagé et par les médias québécois et par certains gens ordinaires?

Pour répondre à cette question, il faut comprendre l’histoire de l’ouest du Canada (un sujet très mal compris au Québec, et presque jamais enseigné dans le système scolaire québécois).

Bref, on pourrait dire que le Canada ait eu trois provinces qui ont été assujettis à ce qui est l’équivalent de certains aspects de leurs propres Révolutions tranquilles;  le Québec (bien sûr), l’Alberta et la Saskatchewan.  Cette partie de notre histoire collective est enseignée en Alberta et en Saskatchewan, mais c’est l’omerta totale au Québec quant au sujet des révolutions tranquilles semblables en Alberta et en Saskatchewan.

Sans aller trop dans les détails, toutes ces trois provinces étaient très religieuses au début et au milieu du vingtième siècle – tant au niveau gouvernemental qu’au niveau de la population.   Le Québec était la première des trois provinces de se détacher de l’influence de l’église dans les années 1950 et 1960.   L’Alberta et la Saskatchewan l’on suivi de près vers la fin des années 1960 / début des années 1970.

Tout comme au Québec, il y avait un virage politique énorme en Alberta qui accompagnait ces changements – y compris le rejet et la dissolution totale de certains vieux partis politiques, la formation de nouveaux partis politiques à bases laïques, la déconfessionnalisation du système scolaire, de l’état, et la nationalisation de beaucoup d’industries en Alberta.

En effet, toutes les même catégories d’industries qui étaient nationalisées au Québec étaient elles aussi nationalisées en Alberta.  AGT était nationalisée par le gouvernement de l’Alberta (aujourd’hui, sous la banière privée Télus).  Une partie du réseau bancaire était nationalisé (aujourd’hui ATB — qui demeure toujours une banque albertaine nationalisée… une institution aussi importante en Alberta que l’est Desjardins au Québec).  L’Alberta avait créé l’équivalent d’un fonds de solidarité albertain.   Trans-Alta était l’équivalent albertain nationalisé d’Hydro-Québec.  Un réseau d’universités publiques était créé.  On a créé Access Network, semblable à Télé-Québec (ou Radio-Québec dans le temps).  Et la liste continue.   En effet, les chemins des deux provinces à cette époque-là étaient très semblables.

Dans une tournure intéressante, sur beaucoup de fronts historiques et politiques, l’Alberta et le Québec (et la Saskatchewan) sont quasiment des cousins de premier degré – peut-être même la parenté la plus proche qui existe pour le Québec (car même le gouffre qui existe entre le Québec et la France sur le plan de l’histoire récente, de la culture, et de ses systèmes est encore plus grande que celui qui existe entre le Québec et l’Alberta… Et moi, je connais assez bien la France – je suis propriétaire de ma propre société et une grande partie de mes chiffres d’affaires proviennent de la France).

Le fait que nous (le Québec et l’Alberta) sommes culturellement tous les deux les nord-américains, le fait que nous avons poursuivi des chemins de développement et de gouvernance semblables au cours des 50 derniers années (plus de partage qu’avec toute autre juridiction au monde), sans même mentionner le fait que nous partageons les autres institutions et systèmes qui relèvent du même pays – le tout, cela galvanise ce fait de parenté incontournable entre le Québec et l’Alberta.

Mais le système d’éducation au Québec, et la société au sens large continuent de regarder l’Alberta à travers l’optique de 1960 plutôt que 2015.  Ces points de vue de la part de la société québécoise sont 55 ans en retard face à cette question.

Peut-être serait-il dû au fait que la révolution tranquille aurait eu l’effet de faire en sorte que le Québec est devenu trop introspectif et autocentré?  Peut-être aux dépens d’une connaissance de ce qui se passe ailleurs au Canada?   Peut-être serait-il dû au fait que le mouvement nationaliste (qui parfois joue le rôle d’une force aveuglante – Qu’elle soit volontaire ou involontaire puis-je ajouter) aurait fait que ceux qui tirent les ficelles n’aurait pas voulu mettre l’accent sur les parallèles qui existent entre l’Alberta et le Québec?   Peu importe, il va sans dire que la perception de l’Alberta de la part de beaucoup de Québécois sur la question de la religion ne reflète pas la réalité sur le terrain.

En tout dernier lieu sur cette question, j’ajouterai ceci : En raison de la déconfessionnalisation massive et structurelle de la province de l’Alberta, il est plutôt rare de rencontrer des gens qui vont toujours à l’église en Alberta.  Certes, dans une foule il y en aurait toujours quelques unes, mais ces personnes-là sont loin d’être la majorité, comme dans toute province – y compris au Québec.

Beaucoup d’églises albertaines d’autrefois sont en déclin et ferment leurs portes, par manque d’argent.  Cela nous laisse avec une population plus au moins de centre-droite et laïque (plus souvent juste à droit du centre, mais pas loin du centre sur l’échelle “sociale – car la grande partie de la population vie dans les deux grandes régions métropolitaines de la province, et elles ne sont pas plus à droit que la région de Québec ou Saguenay).   À titre de comparaison, côté culturel, dans leur manière de penser, et dans leur manière de vivre de et leurs intérêts personnels, la population de l’Alberta se ressemble beaucoup à celle de la région de Québec.  (Il faut toujours se rappeler que le Québec est la somme de ses parties.  Montréal n’est qu’un ingrédient dans ce qui fait le Québec, mais comme ville, elle certes n’est pas le Québec en soi).

Alors à ceux qui me disent parfois qu’ils n’aiment pas l’Alberta (un sentiment qui, d’après mon expérience, se voit plus souvent dans la région de Montréal), je leur réponds qu’ils doivent sans doute détester la ville de Québec, non?   Souvent, pour ne pas dire toujours, cette réponse n’a qu’à les laisser sans voix (rarement il m’arrive que je ne puisse me retenir, mais parfois je me permets une réponse).

Je me sens parfaitement à l’aise dans ma défense l’Alberta auprès de ceux qui l’attaquent d’un angle préjugé.  Bien sûr, comme toute société et juridiction, l’Alberta a elle aussi ses propres problèmes (j’en parlerai un peu lors de mes prochains billets).  Ce n’est pas ses problèmes que je défends.  C’est plutôt une réponse que je donne aux préjugés ignorants des autres.

Et ce qui est bon, c’est le fait que je me sens confortable dans ma défense de l’Alberta.  Il ne faut pas oublier que lorsque je réplique aux préjugés sur sol québécois même, je le fais du point de vue de quelqu’un qui se considère être culturellement à l’intérieur (sur pied d’égalité avec mes compatriotes québécois), et non pas d’une personne de l’extérieur.  J’ai le sentiment que cela en soi me donne le droit de parole.  C’est une discussion en famille, malgré tout.

En dernière remarque, ça vaut vraiment la peine de voyager un peu partout au pays afin de mieux se connaître.  C’est une perte regrettable de ne pas faire autrement.  J’encourage autant de monde que possible de faire le voyage d’un océan à l’autre au moins une fois dans leur vie.  Voir c’est savoir.

J’aborderai d’autres préjugés à l’égard de l’Alberta au cours des deux prochains billets.  Personnellement, je trouve ces questions très intéressantes (et pas offensives du tout — au contraire, c’est une bonne discussion).  J’espère qu’elles le sont également pour vous.


(French / Français) SERIE:  LES PRÉJUGÉS À L’ÉGARD DE L’ALBERTA (6 billets)

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Les préjugés à l’égard de l’Alberta : Introduction – 1 sur 6 (#249)

(Au moment de l’écriture de ce billet, le NPD n’était pas encore au pouvoir en Alberta.  Le fait que le NPD a pu gagner l’élection albertaine avec une victoire majoritaire écrasante ne fait que confirmer et qu’accentuer les indices et tendances dont j’ai parlé dans cette série de six billets.  Et oui, le choix d’orange pour cette préambule n’est pas un hasard 😉 ). 

Au cours des billets de mon blogue, de temps en temps je vous ai offert des exemples de certaines circonstances et de certains préjugés qui propagent la notion des Deux solitudes — tant du côté Anglophone que du côté Francophone.

Parfois, ces exemples sont très évidents.  Parfois ils sont plus subtils.

La plupart des exemples que je vous ai déjà offerts au cours des billets antérieurs étaient rédigés en anglais, car je les présentais à une audience anglophone (je le crois important que le monde prend conscience des  exemples de leurs propres préjugés ou méconnaissances qui contribuent à garder vivante la notion des Deux solitudes).

Mais cette fois, je vais vous écrire en français, et je vise les francophones du Québec dans cette série de six billets.  Je vais vous présenter des exemples de certaines méconnaissances que je vois de la part des francophones du Québec, et ce en employant un ton bien plus personnel.

Je vais vous parler des préjugés assez “structurels” que je vois à l’égard de l’Alberta, et à l’égard des gens qui viennent de cette province, tout comme moi.   À mon avis, je me trouve dans une position privilégiée pour vous adresser ce sujet d’un ton franc et honnête.  Je connais le Québec aussi bien que l’Alberta – et les québécois entendent trop peu les points de vue des gens comme moi.

Alors, avant de continuer, je dirai dès le départ que je reconnais très bien le fait que ce n’est pas tout le monde au Québec qui nourrit les préjugés dont je vais vous parler.  Et à cet effet , je ne suis même pas sûr qu’il s’agisse d’une majorité de gens.  À mon avis, c’est souvent les médias au Québec (Radio-Canada, TVA  , la presse écrite, les chroniquers) qui renforcent les préjugés contre l’Alberta.  Et malheureusement cela a pour effet d’influencer les perceptions des masses.

Qu’il s’agisse d’une majorité ou d’une minorité, ces préjugés sont pourtant bien réels.  Face aux préjugés, j’admet que je ne peux m’empêcher de se sentir lésé, tant soit peu, par certaines méconnaissances flagrantes de la part de certaines personnes (parfois même de la part de certaines personnalités bien connues qui supposément prétendent parler publiquement d’une haute autorité morale).

Je trouve ça toujours un peu “déséquilibrant” quand il y a des gens au Québec qui (en croyant à tort que je suis moi-même Québécois) dénigre l’Alberta lorsqu’ils partage leur “pensées” avec moi.  Un exemple parfait : Au mois de janvier j’étais dans la région de Montréal.  Je taillais une bavette avec un serveur, et pour une raison ou une autre on abordait le sujet de ce que nous venions tout juste de faire durant nos vacances de Noël.  À mon tour, j’ai mentionné que je les ai passé en Alberta à Edmonton, à Calgary et dans les montagnes rocheuses.  Sa réaction : “Comme Québécois, une chance qu’ils ne t’ont pas lynché!”.

Comment devrais-je répondre à un tel commentaire?  Sans qu’il le sache, il parlait de “moi”, de mes amis, et de ma famille et de tous mes pairs, non?   Mais, bon, je suis un grand garçon, et je crois être assez mature pour savoir qu’une seule remarque n’est pas nécessairement représentative d’une société entière.  J’avoue que lorsque j’entends de telles remarques à répétition au cours de plusieurs années, on pourrait commencer à se poser des questions.  Cependant, j’essaie garder le tout en perspective.

(D’ailleurs, devrais-je mentionner, étant quelqu’un qui parlait français en publiqueen Alberta — avec des amis pendant une bonne partie de ma vie, je n’ai jamais rencontré un seul cas de French-bashing en Alberta… pas une seule fois – jamais.

Au contraire, plus souvent qu’autrement, les Anglos en Alberta y voyaient l’occasion en or pour pratiquer leur français, et souvent ils tentaient d’engager une conversation en français — avec un grand sourir, et à bras et à cœur ouverts.

Alors, on doute finalement qu’il y ait une raison de croire qu’il existe une tendance de société de faire de l’Alberta-bashing … un sujet que j’avais déjà abordé dans un autre billet qui s’appelle No way, Le Figaro!).

Les prochains trois billets vont porter sur trois préjugés dont moi-même je ressens d’une base assez régulière au Québec – tant du côté des médias québécois que sur le terrain même.

Je suis bien conscient du fait que cela ne veut pas dire que ceux qui propagent ces préjugés sont du mauvais monde (si vous êtes fidèle à ce blogue, vous sauriez sans doute que je suis de l’avis que le Québec est une des sociétés les plus ouvertes et les plus empathiques au monde – point.  Les Francophones du Québec et du Canada sont foule cool, et ça va de même pour les Anglophones du pays aussi).

Mais quant aux sujets des préjugés que portent des gens, les êtres humains ne savent seulement ce qu’ils savent.  Et à l’égard de ceux qui portent des préjugés, ces personnes ne sont que la somme de leurs propres connaissances et expériences personnelles (j’en suis tout à fait conscient de ce fait – la raison pour laquelle je me réserve un certain modération envers ces discussions).  Souvent les ignorances ne sont qu’une question de naïveté innocente.   Les sources d’information desquelles le monde tire ses conclusions ne sont aussi bonnes que l’info que leur offre leurs professeurs, leurs pairs, ou leurs médias.

Les cinq prochains billets vont aborder les préjugés et les méconnaissances qui portent sur :

  1. La croyance que l’Alberta est une province plus “religieuse” que les autres provinces (au point où beaucoup de monde la croit même être “hyer-religieuse”. Mais comme vous allez voir, les statistiques vont vous réserver des surprises),
  2. Les attitudes et les comportements des Albertains et le gouvernement provincial face à l’industrie du pétrole, et
  3. Les “tendances” et les “affirmations” politiques des Albertains, ainsi que la manière dont beaucoup de Québécois préjugent les Albertains en raison de ce qu’ils croient être ces “tendances” et “affirmations”.

Alors, avec cette petite introduction aux cinq prochains billets, j’ai hâte de vous revoir lors de cette exercice de décorticage des préjugés.

Et sachez que j’en suis reconnaissant du fait que vous soyez là, et que vous portez intérêt à ce sujet.  C’est important.   Après avoir écrit près de 250 billets, je crois bien que je pourrais mener ce genre de dialogue franc avec vous.  Malgré tout, cette discussion s’édifiait lentement, jusqu’à ce point bloc par bloc, au cours de chaque billet.

Que l’on continue.


(French / Français) SERIE:  LES PRÉJUGÉS À L’ÉGARD DE L’ALBERTA (6 billets)

Examples of Stereotypes France has of Québec, and vice-versa (#141)

This post is to be taken with a grain of salt.  Just go with it and smile (don’t take it too seriously).

This post deals with many “language” prejudices (among others).

PREFACE – First, some context: 

Before going further into this post, readers should be aware that there are many styles of French both in Canada and in Europe.  Stereotypes are generally gross overgeneralizations and misconceptions.  One such overgeneralizations is not being aware of our true linguistic realities.

Québec’s French is only one component of a greater family of Canadian styles of French.  Within Québec French, there can often be large variations.  Even Canada’s overall French situation can be quite diverse, from coast to coast.

Click on the maps below for a bit more context:

w.oqa.

Likewise, just as there can be a large degree of variation in Canadian styles of French, so too can there be in Europe.

Click below for some European differences;

fr.acc fr.langwal.dia  bed.acc


EXAMPLE 1 –

The unbelievable spat between Marie-France Bazzo (Québec) & Sophie Aram (France) on the airwaves of Radio-Canada/CBC

Here is an example of how this topic can be very touchy for those few people who take the topic of stereotyping waaaaay too serious.

CBC/Radio-Canada, as Canada’s public broadcaster, shouldn’t be used as an opinion-piece forum for radio-hosts who get their shorts in a knot and use the broadcast button to seek egoistic revenge if they don’t agree with something.

(Before going further, as an aside, right about the time that this less-than-classy spat to air on Radio-Canada, it was announced that Marie-France Bazzo and Radio-Canada’s management had a “difference of opinions”, and that Bazzo would no longer be an employee at Radio-Canada. I don’t know if this is connected to this event.  Bazzo has continued to host her own long-time opinion-piece show on Télé-Québec, as well as producing works for other networks).

If you don’t speak French, no worries, the section after this one has a different example for you, complete with English translations.

But for those who do speak French, I’m starting this post with an example of a childish outburst when a (former) Radio-Canada radio host (Marie-France Bazzo) took a French comedian to task for imitating a Québec accent.

Here is the video of Sophie Aram (comedian in France) imitating a Québec accent.   This is the video which drew the ire of Marie-France Bazzo in Québec.  I searched the web, and Bazzo appears to be the only person in Québec’s media who took it this serious (at least that I heard).

For me the best part of the video is the look on Danny Laferrière’s face when he’s trying to figure out how to react (priceless — Love it!!).

BELOW is the ON-AIR FIGHT (ON RADIO-CANADA of all places!!!!) between Mario-France Bazzo and Sophie Aram:  CLICK THE IMAGE BELOW

(All I have to add is HOLY CRAP !! LIGHTEN UP !! Good grief.)

S.ar.1

–—————————————

EXAMPLE 2:  

With the above in context, now let us continue with a different, much friendlier example 

(for those who don’t necessarily speak French, the following may be easier to follow):

Below is another conversation between two celebrities;  one from Québec, and one from France.

I thought this would be a light-hearted, interesting conversation to present to you, precisely because I have heard this sort of discussion on numerous occasions between those of us from Canada and from France.  🙂   It’s the type of conversation which usually makes us smile on both sides of the ocean.

For the readers of this blog who don’t speak French, I’ll paraphrase and summarize the below conversation between Monqiue Giroux (from Québec), and André Manoukian (from France).

In this conversation, Giroux responds to Manoukian after he made public statements on the radio in France which could be considered stereotypes people in France have about Québec; most notably, how they speak.   The conversation (and it is just that, a well-articulated, friendly and humourous conversation) was arranged by, and aired on the France television program “64’ Grand angle”.

Monique Giroux is a Québec music journalist, music program producer / host, and considered one of the French-speaking world’s most authoritative and engaged “activist” for the promotion of French music.   She promotes Francophone music of all types, from Québec, the rest of Canada, Europe and elsewhere in the world.  She has hosted numerous radio music shows from the Montréal studios of Radio-Canada Première, and travels so extensively and so often to places such as France and elsewhere, on a mission to promote Francophone music from a journalistic point of view, that she has become quite well known in European media circles.   In addition, she has befriended some of the largest names in Francophone music (both past and present).   As a testament to her efforts to raise the profile and appreciation for Francophone music, Giroux has been awarded some of the highest civic honours of state of Canada (the Order of Canada / l’Ordre du Canada), of Québec (l’Ordre du Québec), and France (Chevalier des Arts et des Lettres).

André Manoukian is a very famous songwriter from France and he has a radio music program on France Inter.  What I find quite intriguing is that he was educated in Boston – so presumably, because Boston is only a 5 hour drive from Montréal, and because he has travelled many times to Québec, he likely knows Québec quite well.   Manoukian has written songs not only for some of the biggest names in French music, but also for big Anglophone singers such as Janet Jackson.  Of the Francophones he has written songs for, some are also among Québec’s biggest names, such as Diane Dufresne.   Because of his stature, he was one of the judges on the French equivalent of “Pop Idol” in France.

So lets get into the conversation (take it with a light heart and a smile… the tone of it was all in good fun).    I’m going to paraphrase, and skip much of the small talk.

—- The YouTube video for the conversation is here with TRANSLATIONS FOLLOWING:

HOST:

  • Starts by asking why the French have so many stereotypes about Québec.
  • Says Manoukian stated on an earlier on-air program that Québécois speak with an embellished and outdated/archaic, form of language (une langue archaic fleurie) which makes for laughs (se bien marrer). The presumption is that he made the statements in a pejorative sense, as something to be laughed at.

Manoukian: 

  • Says wasn’t his intention to make fun. That he was referring to the “naivity” of the language used in Québec music (ooops… he caught himself using the word “naivity” 😉 )
  • He then covers his tracks, and sincerely states that in Québec, people have become vigilant gate-keepers of the French language, in a way which no longer exists in France.
  • Says he likes how older French words are conserved in Québec French, accompanied by a very modern edge.
  • Says people are very attached to their language in Québec because they form a small population in the middle of a very large North American Anglophone population.
  • He says he enjoys hearing authentic French words in Québec, as well as in Cajun communities — words which are no longer used in France (words which sometimes need to be explained to him), and that he misspoke when he made his earlier on-air comments.

HOST:

  • Asks Giroux what enticed her to write a public rebuttal to Manoukian’s on-air statements regarding Québec French.

Giroux:

  • She says she, like many other people from Québec, heard Manoukian’s on-air comments (his show from France is also broadcast in Québec), and her personal reaction was the same as many others. But what was so surprising to her was the scale of reaction (or backlash) against Manoukian’s comments from Québécois.
  • She believes there is a misunderstanding on the part of France towards Québec’s current (linguistic) situation. She says whereas Manoukian may believe Québécois speak “Old French” (“le vieux françoié”, which she pronounced with an overemphasized slangish twang), that it is not so much the case anymore.   (In this context, she’s speaking of the Québec slang and Joual, as well as other informal ways of speaking).
  • She says Québécois do not use dog-sleds as a mode of transport (the timing for this one was perfect, because I incidentally joked about the same thing a few days ago in my earlier post Comparisons can be a good thing”
  • Giroux emphasized that Québécois live in (North) America, and just like in France and other French nations, we have a ton of different French accents here. She also said when the French visit Québec, it is no longer Québécois who have an accent, but rather the French who have an accent – which is the beauty of the whole thing.
  • She’s happy to see that, as two journalists, they’re sitting and talking about stereotypes, because it is a good way for the public to hear the discussion, and to not focus on it so heavily in the future (especially when it comes to artistic circles, in which French artists will sometimes tease Québec artists on the air about how they speak or their choice of musical genre, such as playing “hick accordions”).

Manoukian:

  • Says he has made several trips to Québec for music events, but then was taken by Québécois themselves to a “sugar shack” (cabane à sucre), which plays into stereotypes.

HOST:

  • Asks if Québec has become the new ardent defender of the French language, rather than France, because Québec is in North America, which makes people feel they must fight harder to protect their language against the weight of US culture. He cites the example of movie titles;  In France, movie titles are known by their English names (cites Twelve Years a Slave in France, whereas it’s known as Esclave pendant douze ans in Québec).

Giroux:

  • The local version of the show “The Voice”, is called “La Voix” in the local Québec version (Québec produces its own version, as does France), but it has retained the English name “The Voice” in France.
  • She said that when Manoukian alledged that Québéc speaks with an embellished archaic language, that Québec’s choice of words of course would sound archaic to France if France does not cease anglicizing words and does not cultivate their vocabulary correctly.

Manoukian:

  • (Question to Giroux): Do you say “Où as tu parké ton char?” (which is a very slang, joual-like Québécois and Canadian French way of asking “Where did you park your car?” – in a literal sense, in English it would almost be as if to ask someone “Where did you halt your wagon?”).  This is one well-known slang expression from Québec and Canada that French from France usually cite when teasing Québécois about the way they speak.

Giroux:

  • No.

Manoukian:

  • Ok.

Giroux:

  • Says, there may be people who say this in Québec, but even in France, there are people who speak le verlan (which is the word for slang in France). But she said it is not everyone in Québec who says “Où ce que t’as parké ton char?”

(A personal side comment: Something quite interesting I had not thought about:  probably 8 times out of 10, I myself say “voiture” (car) instead of “char” (wagon)… but there are those 2 times out of 10 where I will say “char”… It completely depends one who I am talking to, the informality of the discussion and the situation, the language being used by the person I am speaking with, and the mood of the discussion.   For example, I had a business meeting in Québec City not long ago.  There would have been zero chance I would have entertained the thought of calling my car a “char” when speaking in a business context.   But later, when I went for a beer with people not related to anything business, the environment was much more relaxed, and I probably slipped in the word char when I was talking about a drive I did on the outskirts of town earlier that day.  When I was younger, in my teen years, I was more apt to say “char”, but I grew up, just like everyone else.  😉 .  You may recall from the Joual recording, which I made in an earlier post, that I did use the word “char” in the dialogue, but I also used “voiture” in the International French dialogue I recorded.   It goes to show that what Giroux says does hold merit, and that stereotypes the French have of how Québécois speak, on the whole, are not necessarily correct, but there are exceptions — just as someone may say “an old beater” or “old clunker” in English instead of a “used car”, or refer to their car as their “wheels”).

HOST:

  • Says the Belgians make fun of how the French speak, and the French make fun of how the Belgians speak. He asks Giroux if the Québécois make fun of how the French speak.

Giroux:

  • After pondering the question, she says “Not really, but perhaps a bit”.
  • She says she has noticed, surprisingly, that the old expression “les maudits français” (“the damned French”) is making a come-back in Québec society.  It is a Québec expression which means “Oh, it’s just the snobbish French and their usual nose-in-the-air habits”).

(Giroux’s last comment is interesting.  When I think of it, I’m also hearing this expression more and more often in the media, at least more often than when I was young — but it’s usually said in an endearing, light-teasing kind of way).

  • Referring to particular topic, she said she heard a reporter recently state, on a major Québec TV network, that “This [subject] is too ‘France!’ ”, as if the subject at hand was not a good thing because it has too much of an aura of France.  She says this last narrow-viewed statement got to her when she heard it in Québec.  Particularly didn’t like hearing this statement because imagine if someone described a situation as being “too ‘Amermenian’ ”, or “too ‘Arabic’.”.  But she said in Québec, people will tolerate hearing  “This is too –French-.”.    She said this is how stereotypes take on a life of their own, and she’s recognizing the phenomena exists on both sides.

Manoukian:

  • He goes on to talks about how the mouth, lips, and tongue are physically positioned when Québecois speak French versus people from France, and how that influences accents and ways of singing (kind of unrelated stuff)

It’s always interesting to hear these types of discussions – as simple distractions if for nothing else.